MVNO: Breizh Mobile fait le bilan, NRJ se lance

L’arrivée de ces opérateurs virtuels n’a pas rendu le marché plus concurrentiel

Depuis plus de six mois, la France compte deux opérateurs mobiles virtuels (MVNO). Ces derniers louent les réseaux des opérateurs classiques et revendent sous leurs marques des forfaits de communication.

Pour autant, l’arrivée de Debitel avec SFR et de Breizh Mobile avec Orange n’a pas véritablement dynamisé la concurrence, objectif pourtant numéro un du gouvernement. Orange et SFR se partagent toujours plus de 80% du marché. Breizh Mobile fait ainsi un premier bilan après s’être lancé en juillet 2004. The Phone House (groupe Carphone Warehouse) annonce que son opérateur mobile virtuel, présent en Bretagne, a dépassé 10.000 clients fin 2004 et a confirmé son objectif de 100.000 sans toutefois fixer d’échéance. Des résultats et des ambitions modestes. Dans un communiqué, il précise que Breizh Mobile constitue la première étape du développement de cette stratégie menée par la filiale Omer Telecom, « qui envisage d’être présent dans la plupart des régions françaises avec des offres similaires ». Debitel de son côté a lancé deux offres. Le MVNO allié à SFR ne souhaite pas communiquer de chiffres et se contente de réaffirmer ses objectifs: « Notre objectif est de faire bouger ce marché jugé peu concurrentiel », explique Jean-Pierre Champion, président du directoire de Debitel France. L’opérateur vise 100.000 nouveaux clients d’ici fin 2005. Pas de quoi vraiment dynamiser une marché en manque de concurrence selon les détracteurs des MVNO. Ainsi, visant des niches de consommateurs, les MVNO n’ont pas changé le rapport des forces. Julien Dourgnon, en charge des télécoms pour l’association UFC-Que Choisir?, estime: « Pour qu’il y ait un effet véritable sur la concurrence, il faut qu’un opérateur virtuel soit assez puissant pour véritablement baisser les tarifs de gros. Debitel et Phone House ne viennent pas contester le pouvoir des 3 opérateurs nationaux. Au mieux, ils complèteront le marché actuel grâce à des offres de niche ». La situation pourrait donc changer avec NRJ. Le réseau de radios FM a confirmé sa volonté de devenir MVNO (voir notre article). « L’activité d’opérateur mobile virtuel est susceptible de présenter un intérêt pour le groupe, et dans ce cadre, des discussions sont actuellement menées », affirme NRJ dans un communiqué, sans donner plus de détails. Le réseau dispose d’une puissance de frappe très importante: 6,5 millions d’auditeurs jeunes, fans de musique et de téléphonie mobile. Il rejoindrait sur ce créneau la maison de disque Universal qui a lancé en août dernier une offre de téléphonie mobile en partenariat avec BouyguesTel (voir notre article). Mais à la différence d’Universal, NRJ deviendrait bel et bien un MVNO. Par ailleurs, le suédois Tele2 est également proche d’un accord. Tele2 a engagé des discussions sur la location de réseau avec France Télécom et un autre opérateur. Un accord serait possible avant la mi-2005. Il y a quelques mois, le nom de SFR était plusieurs fois évoqué. Selon plusieurs sources, l’opérateur va investir 150 millions d’euros dans ce projet, dont 100 millions en marketing. Tele2 s’y connaît: il a lancé 5 opérateurs virtuels en Europe depuis 2000. L’arrivée de ces deux groupes pourrait donc enfin dynamiser un marché qui a beaucoup de mal à se transformer. Comme le souligne le ministre délégué à l’Industrie Patrick Devedjian: « La France conjugue le plus faible taux de pénétration en Europe et le plus faible nombre d’opérateurs. L’équilibre économique et commercial des premiers opérateurs virtuels reste précaire, les trois opérateurs mobile en place exerçant une véritable domination conjointe ».