Nathalie Kosciusko-Morizet rabroue Dailymotion

La plate-forme de diffusion de vidéo accuse la ministre de passivité alors qu’Internet est chaque jour pointé du doigt comme un sanctuaire pour les pirates

Echange d’amabilités entre la secrétaire d’Etat à l’Economie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet et Martin Rogard, directeur France de la plate-forme de vidéo en ligne Dailymotion. Dans un courrier adressé à la ministre, le responsable du site pointe l’absence de réaction de la ministre alors même que les diffuseurs de contenus en streaming sont régulièrement accusés de favoriser le piratage de contenus.

Dans un communiqué transmis à l’AFP, Nathalie Kosciusko-Morizet, choquée, rejette ces accusations, tout en précisant que Martin Rogard est le « moins bien placé » pour dénoncer « un soi-disant silence de sa part« . La ministre qui assure avoir rencontré le responsable à plusieurs reprises, critique une démarche motivée par des raisons « professionnelles et personnelles ». Martin Rogard estime quant à lui que la ministre devrait défendre le Web, au lieu d’alimenter « un courant de pensée anti-internet « .

Cette polémique émerge quelques semaines après les propos (incendiaires) de Frédéric Lefebvre, député des Hauts-de Seine et porte-parole de l’UMP. Le parlementaire s’exprimait en faveur de la création d’une commission chargée de trouver une solution au problème du « piratage industriel »généré par les sites de partage de vidéos. Dans ses propos, Frédérique Lefebvre visait en particulier les sites de diffusion de vidéo enstreaming, accusés de se développer en diffusant des vidéos propriétaires sans rétribuer les ayants droit.

« A l’heure où internet est trop souvent et injustement mis en cause, comme un havre de brigands et de criminels, ou comme le responsable de toutes les faillites, les défenseurs d’internet, de son bon usage, comme moi et, j’en suis sûr, comme Martin Rogard, feraient bien mieux de s’unir, plutôt que de polémiquer, on se demande bien pour le bénéfice de qui« , affirme Nathalie Kosciusko-Morizet.

Cette escarmouche démontre l’existence du contexte de nervosité qui prévaut entre les différents acteurs politiques et industriels au moment où les débats autour de la loi Création et Internet (loi qui prévoit la suspension de l’abonnement Internet en cas de piratage répété) sont sur le point de reprendre.