Tribune : Nirvanix au Nirvana des clouds

Thierry Bloch - fondateur d'Intellique

Comment les client du cloud public américain Nirvanix, qui dépose le bilan, vont-ils récupérer leur données ? Pour Thierry Bloch, expert en stockage, ce mauvais feuilleton a tout du film catastrophe pour DSI. Et repose la question de la pertinence des cloud publics.

Il était une fois une grenouille du cloud, Nirvanix la bien nommée, qui voulait se faire aussi grosse que les bœufs Amazon S3, Windows Azure… Elle gonfla, gonfla tant et si bien qu’elle explosa et demanda instamment à ses clients de faire déguerpir en deux semaines leurs données de ses services, qui étaient auparavant dignes de confiance et recommandés par tous les bien-pensants.

Mais dans ce conte moderne, la réalité veut qu’il ne soit pas si simple de récupérer ses Téra-octets de données : il faut d’abord acquérir des baies de disques pour se constituer un cloud privé ou contacter et formaliser ses relations avec un nouveau cloud avant de pouvoir penser revoir ses données si précieuses et « nirvanesques ». Ensuite, Nirvanix avait oublié de dire que les tuyaux qu’il loue sont insuffisants pour redescendre autant de données en deux semaines et qu’il faudrait 10 à 12 mois pour le faire correctement !

Un film catastrophe version DSI

Cela ressemble à un film catastrophe version DSI d’aujourd’hu,i mais c’est la triste vie de centaines de clients coincés et confrontés à la dure réalité des cloud publics aux fonds propres insuffisants pour résister à un coup de vent. Comme dit Warren Buffett, « c’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent nus ».

On oublie facilement que les cloud doivent aussi payer des factures gigantesques afin d’assurer des services qui peuvent, finalement, revenir moins chers et être plus sûrs dans des cloud privés puissants et indépendants.

Ce qui ne nous empêche aucunement d’utiliser des cloud publics pour proposer de nouveaux services innovants. Mais ils doivent être sans rapport avec les données et programmes stratégiques des organisations et entreprises, qui doivent rester dans des lieux sécurisés et secrets sous forme de baies de disques RAID6 NAS ou SAN, elles-mêmes sécurisées par des librairies de bandes LTO.

Redescendre sur Terre

Ces dernières sont capables d’héberger économiquement des Péta-octets de données : c’est le glacier proposé par Amazon S3.

Enfin les données doivent être présentes physiquement sur des bandes LTO garanties 10 ans et doublées sur des distances minimum de 500 Km pour se prémunir des tremblements de terre.

Il est temps de redescendre sur Terre.

Thierry Bloch est fondateur d’Intellique, spécialiste français du stockage et de l’archivage.