Nokia : « Avec le Lumia 800 nous revenons dans le match »

L’offre Windows Phone de Nokia débarque en France chez les opérateurs. Une opportunité de relance sur le marché mobile pour Nokia autant que pour Microsoft.

« C’est l’acte de naissance de Windows Phone », considère Paul Amselem, directeur général de Nokia France. Une poignée de semaines après avoir été présenté dans le cadre du Nokia World, le Lumia 800 arrive dans les boutiques des opérateurs cette semaine. Bouygues Telecom, Orange, SFR, ainsi que The Phone House sont sur les rangs pour accueillir le premier Windows Phone de Nokia. Une arrivée attendue depuis l’annonce de la signature de l’accord avec Microsoft faite en février 2011 au Mobile World Congress de Barcelone.

Pour ce lancement, Nokia conserve la stratégie qui a fait sa réputation en proposant un produit bien léché : coque monobloc extrudée en coloration pleine, écran multipoints 3,7 pouces légèrement convexe en 800×480 Amoled, processeur 1,4 GHz Qualcomm MSM8255 mono coeur (alors que la tendance est au double coeur), optique Carl Zeiss 8 mégapixel avec double flash LED, 16 Go de mémoire interne (hélas non extensible), réseaux GSM/HSPA (cat. 10 jusqu’à 14,4 Mbps) et interfaces de communication habituelles (Bluetooth, wifi…).

Mais c’est bien sur l’environnement Windows Phone 7.5 (Mango) que Nokia compte faire la différence et revenir sur un marché où il perd pied, celui des smartphones. « Windows Phone est une opportunité de repositionner la marque, explique Xavier Sautereau, responsable marketing de Nokia France. La marque Nokia est encore puissante mais elle manquait d’aspérité, notamment pour séduire les plus jeunes à cause d’une évolution que Nokia n’a pas su suivre. Mais nous revenons aujourd’hui dans le match. »

Se distinguer de la concurrence

Nokia et Microsoft vont donc mettre les bouchées double pour, l’un comme l’autre, tenter de rattraper leur retard respectif (le premier perdant régulièrement des parts de marché, le second n’ayant pas encore réussi à convaincre sur la mobilité). Mais Nokia devra se distinguer de ses concurrents Samsung, HTC ou LG, d’autant que les innovations proposées par les constructeurs à Microsoft sont (éventuellement) approuvées pour l’ensemble des partenaires.

Pour se distinguer, au delà de la conception matérielle, le constructeur finlandais entend mettre en avant ses applications phares : Nokia Cartes (Maps) pour la géolocalisation et la navigation (à télécharger gratuitement); le transfert des données depuis l’ancien combiné proposé à l’allumage du téléphone; App Highlight qui « pousse » des offres applicatives vers l’utilisateur selon son profil régional (et éviter ainsi d’aller farfouiller dans le Market Place); Nokia Music (au moins pour conserver les clients de l’offre illimitée) et bien sûr l’intégration des moyens de communication par contact (téléphone, réseau sociaux, chat, SMS…) qui fait le charme de Windows Phone. Autant d’application qui intègrent les technologies Microsoft, comme les modules de recherche intégrés aux applications qui s’appuient sur le moteur de Redmond, par exemple.

Pour les opérateurs, l’arrivée de Windows Phone sur Nokia est du pain béni. « Il est important pour nous de voir émerger un troisième écosystème », se réjouit Franck Abihssira, directeur des contenus, services et FAI chez Bouygues Telecom. D’autant que, en intégrant la facturation des achats divers par mobile sur le réseau, le couple Windows Phone/Nokia répond aux attentes des opérateurs. « La capacité de « carrier billing » est extrêmement importante pour les opérateurs, confirme-t-il, cela représente un facteur de consommation multiplié par 5 ou 10 par rapport aux modes de paiements classiques [carte bancaire, compte lié à l’éditeur… NDLR]. » Enfin, l’arrivée d’un acteur puissant ne pourra mettre qu’un peu plus de piment concurrentiel et, visiblement, Franck Abihssira adore : « C’est la meilleure garantie de voir apparaître des design innonvants. » Est-ce à dire que les modèles de Samsung, LG et HTC laissaient à désirer? « Il y a une vraie différenciation qui s’opère aujourd’hui », répond diplomatiquement le responsable.

Microsoft ravi

Chez Microsoft aussi, on est ravi. « Aujourd’hui, les opérateurs poussent Windows Phone », estime Laurent Schlosser, directeur de la division mobilité et opérateurs chez Microsoft France. Opérateurs qui, jusqu’à présents, restaient plutôt attentiste face à l’offre Windows Phone. Mais fort de ces nouveaux partenaires et d’un catalogue de 35 000 applications « les plus utilisées » (et 200 000 attendues fin 2012), tous les éléments sont aujourd’hui réunis pour faire décoller Windows Phone et relancer les ventes de Nokia.

Lequel compte également s’attaquer au marché de l’entreprise en 2012 tout en faisant remarquer que Bouygues Telecom a intégré le Lumia 800 dans son offre entreprise. « Je suis convaincu que le smartphone est un choix individuel et pour travailler, avance Laurent Schlosser, à partir du moment où Windows Phone sera connu du grand public, l’OS pénétrera le marché de l’entreprise. » Une intégration qui pourra être facilité grâce à l’offre Office mobile par défaut proposée sur les Windows Phone et le liens automatiquement proposés vers Sharepoint, Office 365 ou SkyDrive (si l’on dispose d’un compte relatif).

Reste à savoir à qui, si la sauce monte, Nokia prendra des parts de marché. Pour Paul Amselem, le monde iOS est trop fermé pour espérer en détourner ses aficionados. Reste donc Android. En revanche, il exclu un basculement des utilisateurs Symbian (supporté jusqu’en 2016) sur Windows Phone. A moins que le marché ne s’ouvre un peu plus aux deux partenaires. Microsoft va soutenir Nokia dans sa tentative de conquête du territoire américain (où il brille par sa quasi absence) tandis que Nokia aidera Microsoft à faire connaître Windows Phone sur le marché chinois. Le Lumia 710 succédera début 2012 au Lumia 800. Souhaitons que l’acte de naissance ne se transformera pas en faire part de décès.