Nokia et Google veulent porter la 4G sur les fréquences du Wifi

Nokia et Google collaborent autour d’un projet de réseau mobile déployé sur les bandes de fréquences libres aux Etats-Unis. Notamment celles du Wifi.

Pour augmenter les capacités du réseau mobile, équipementiers et opérateurs regardent du côté des fréquences libres (non soumises à accord de licence), notamment celles utilisées par le Wifi dans la bande des 5 GHz, qu’ils viennent agréger aux bandes de la 4G. Une configuration multi spectrale préfigurant l’architecture de la 5G. Mais sans attendre l’arrivée de la nouvelle génération de réseau mobile, certains acteurs commencent à se mobiliser autour du LTE-U (Unlicenced) et de la LAA (Licenced Assisted Access, intégré à la Release 13 du 3GPP, l’association de standardisation des technologies mobiles).

C’est notamment le cas de Nokia et Google. Selon Ricky Corker, responsable de Nokia Networks pour l’Amérique du Nord, les deux entreprises travailleraient à un projet pour déployer un réseau LTE-U sur une bande de fréquence 3,5 GHz. Dans la presse américaine, le responsable de l’équipementier n’a pas donné de détails sur les ambitions de Google en tant qu’opérateur LTE-U. Mais l’information vient confirmer les propos de Rajeev Suri. A l’occasion de la conférence sur l’annonce des résultats annuels 2014, le Pdg de Nokia déclarait début janvier : « nous sommes heureux de travailler de manière proactive avec Google sur les possibilités d’ouverture de l’écosystème autour de fréquences 3,5 GHz pour le haut débit mobile aux États-Unis. Compte tenu de notre expertise en technologies 3,5 GHz et notre approche des small cells, nous pensons qu’il y a une grande opportunité à regarder le modèle de l’accès partagé ».

L’approche de l’accès partagé

L’accès partagé vise à exploiter les fréquences réservées à certains services, mais la plupart du temps inutilisées (comme celles de la Défense nationale, notamment). Cette approche permettrait ainsi d’optimiser les ressources hertziennes, tout en s’assurant de l’absence de risques d’interférences, comme le préconise le rapport de Joëlle Toledano sur la « gestion dynamique du spectre pour l’innovation et la croissance » en France. La semaine dernière, l’équipementier finlandais présentait un nouveau modèle de Flexi Zone, sa gamme de small cells, doté de technologies de gestion multifréquences, dont celles du Wifi, pour atteindre 1 Gbit/s de bande passante. Google s’appuiera-t-il sur cet équipement pour construire son propre réseau mobile ?

Dans tous les cas, Mountain View n’est pas le seul à s’intéresser au LTE-U dans la bande des 5 GHz. Les opérateurs américains aussi. Tom Keathley, vice-président de la division réseau sans fil d’AT&T, a confirmé que l’opérateur mènerait des tests sur le LTE-U. Et qu’il déploierait la technologie s’il obtenait l’assurance d’un partage équitable de la bande Wifi avec les équipements dédiés. Dans tous les cas, aucun terminal compatible ne sera proposé avant 2016 (d’autant plus que les chipsets intégrant le LTE-U sont encore rares au-delà du Qualcomm Snapdragon 820).

Google premier opérateur LTE-U ?

Concurrent d’AT&T, T-Mobile s’intéresse également de près à la bande des 3,5 GHz pour déployer une technologie LAA, tout en regardant le LTE-U Wifi 5 GHz en parallèle. Là encore, des tests doivent démarrer dans le courant de l’année. Si le LTE-U de la bande du Wifi ne nécessite aucune autorisation préalable, il faudra néanmoins attendre les feux verts des différentes autorités locales pour exploiter les fréquences partagées LAA. C’est le cas aux Etats-Unis où la Federal Communications Commission (FCC), le gendarme des télécoms américain, autorise l’exploitation d’une largeur de spectre de 150 MHz dans la bande des 3,5 GHz. Une ouverture qui intéresse particulièrement Google. En mai dernier, à l’occasion de l’International Symposium on Advanced Radio Technologies (ISART 2015), Mountain View présentait une troisième version de Spectrum Access System (SAS), une plate-forme intégrant des logiciels exploités sur son infrastructure et capable de gérer dynamiquement le partage des fréquences aux Etats-Unis. Après avoir lancé ses services mobiles en tant que MVNO, Google deviendra-t-il le premier opérateur américain sous technologie LTE-U/LAA ?


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