Noms de domaines : Gandi est racheté pour 13,5 millions d’euros

C’est la fin d’un mythe! Le groupe qui s’était spécialisé dans la gestion des noms de domaines vient d’être racheté par quatre investisseurs, dont trois groupes étrangers. Gandi est donc bien mort, et avec lui c’est un peu de l’utopie d’un Internet libertaire qui disparaît

Pour beaucoup, c’est la fin d’une époque. Crée en l’an 2000, à l’initiative de Laurent Chemla et Valentin Lacambre, deux personnalités de l’univers de la Toile, la société proposait à ses adhérents un nom de domaine pour 12 euros par mois. Un prix véritablement attractif pour beaucoup d’Internautes. Avant 2001, la société NSI était en situation de monopole pour la vente des noms de domaines et pratiquait des tarifs abusifs. Le groupe Gandi a été l’un des premiers à apporter une solution alternative à NSI.

Mais l’annonce dans les Échos du rachat du groupe sonne le glas d’une philosophie qui se fait rare sur la Toile et que l’on pourrait résumer ainsi « le réseau est à tout le monde et l’éthique doit être à son service? ». L’un des investisseurs, Stephan Ramoin, ancien dirigeant de Lycos France, interrogé par le quotidien économique, explique: « Nous souhaitons développer la société tout en gardant son indépendance et son éthique d’origine. » Sûr?… Les exploitants du ‘registar’ n’ont pas voulu dévoiler le nom des trois autres investisseurs. On sait seulement qu’il s’agit de « groupes étrangers« . Des déclarations faites pour rassurer les détenteurs de noms de domaines qui n’accepteront pas sans râler un changement de tarification. Dès le début de septembre, le nombre d’employés du groupe va doubler passant de 7 à 13. Le « registar », qui officiellement n’avait pourtant pas vocation de faire du profit (!), a quand même enregistré un chiffre d’affaires de 5,5 millions d’euros en 2004 pour un bénéfice net de 1,2 million… Une vente provoquée par un différend ‘philosophique’

Une brouille entre les fondateurs de l’entreprise est à l’origine de cette cession surprise. Deux d’entre eux estiment que les profits réalisés par la société sont

« illégitimes », pour que l’entreprise poursuive sur les bases existantes. Car au départ, Gandi se voulait une entreprise citoyenne, alternative et libertaire, refusant la culture du profit. Mais le succès surgissant, Gandi a très vite dégagé de substantiels revenus. Un succès qui laisse un goût amer à deux fondateurs de la société. Paradoxe rare pour être signalé: ces fondateurs ont des scrupules à gagner autant d’argent!! Dans le journal le Monde, Laurent Chemla, un des fondateurs avait déclaré : « Je suis un voleur. Je vends des noms de domaine. Je gagne beaucoup d’argent en vendant à un public qui n’y comprend rien – un simple acte informatique qui consiste à ajouter une ligne dans une base de données ». Et de poursuivre: « Mais doit-on, au prétexte que le marché semble mieux adapté que l’Etat lorsqu’il s’agit de vendre du vent, laisser ce vent au seul marché, sans la moindre contrepartie et alors même que la source de ce vent est unique et limitée ? » « Doit-on remercier Gandi de faire baisser des tarifs honteusement élevés, et encenser ses créateurs d’avoir montré que quelques volontaires pouvaient réagir utilement contre le tout-puissant marché en utilisant les armes de ce même marché, ou bien doit-on les considérer comme de simples commerçants qui se croient (quelle horreur) investis d’une mission politique ? »