Nortel veut pousser les communications unifiées en entreprises

Fort de ses accords avec IBM et Microsoft, le canadien estime avoir la meilleure offre du marché. L’équipementier revient également sur sa stratégie dans la fibre et le mobile

En meilleure forme depuis quelques trimestres, Nortel renforce sa communication. L’équipementier canadien peut en effet se targuer d’avoir traversé sans trop de dégâts l’année 2007, contrairement à nombre se ses concurrents. Son chiffre d’affaires a ainsi progressé de 2% pour une marge brute opérationnelle de 48%.

Surtout, le groupe a modifié ses orientations stratégiques en matière d’investissements et de R&D. « Nous focalisons désormais notre recherche et développement sur les produits en croissance et non plus sur les produits matures », explique Michel Clément, patron de Nortel France, Europe du Sud & Afrique.

Nortel suit ainsi sa feuille de route fixée en 2005. Et se concentre notamment sur les fameuses communications unifiées en entreprises qui permettent d’intégrer et de faire interagir télécoms et environnement informatique à travers le même terminal.« Nous sommes le numéro un mondial en valeur de la VoIP et le marché Entreprises représente 25% de notre activité », rappelle le p-dg.

Le canadien pense avoir sa carte à jouer grâce à deux accords majeurs passés avec IBM et Microsoft. Le partenariat avec Redmond, baptisé ICA ‘Innovative Communications Alliance‘ suscite pas mal d’attentes. « Ce n’est pas de l’interfaçage mais bien de l’intégration de la téléphonie dans l’OCS -Office Communication Server-. L’utilisateur retrouve ainsi le même environnement, quelque soit le terminal (PC, téléphone, mobile) utilisé. C’est la véritable valeur de notre solution. On est loin du schéma association de deux technologies. Avec IBM (intégration de l’environnement Lotus Note) et Microsoft, nous adressons 90% du marché. Nous sommes les seuls à proposer cette intégration native », précise Michel Clément.

Lancé il y a 18 mois, ICA compte à ce jour 10 produits communs (intégration OCS/ToIP, routage intégré, logiciels dédiés…) et aurait convaincu 600 entreprises dans le monde. Mais Nortel refuse pour le moment de donner plus de détails sur ces déploiements (quelles entreprises, quels coûts, quelles économies ?).

Lors de ce point presse, Nortel a également fait le point sur ses autres axes stratégiques. Dans la téléphonie mobile, le groupe qui a cédé son activité 3G à Alcatel-Lucent, mise toujours sur Evolution Edge, une évolution de la 2,5G. « Il y a une vraie opportunité pour les opérateurs : Evolution Edge est économique, couvre déjà tous les territoires et apporte des débits confortables. Il peut venir en complément de la 3G qui est trois fois plus chère ! Le GSM (dont est issu l’Edge) est là pour durer très longtemps et les opérateurs ont tout intérêt à l’utiliser pour leurs réseraux haut débit mobile », souligne le p-dg.

Pour autant, Nortel a du mal à convaincre les opérateurs qui semblent se focaliser sur la 3G+ pourtant plus chère à déployer. Et Michel Clément de tacler les promesses du HSxPA : « Orange annonce 7,2 Mb/s de débit mais dans quelles conditions ? ».

Il faudra aussi convaincre les fabricants de terminaux qui pour le moment ne se pressent pas. « Proposer des mobiles compatibles n’exige pas de lourds investissements, il faut que les fabricants s’engagent : »

Toujours dans le mobile, Nortel a une belle carte à jouer avec le GSM-R qui adresse les réseaux ferroviaires. « Ce standard européen est devenu mondial et nous détenons 60% de ce marché. Dans le passé, un train reliant Paris à Madrid exploitait 4 réseaux sans fil, avec le GSM-R tout est unifié », précise le p-dg qui annonce la signature de contrats en Europe et au Maghreb.

Nortel mise également sur la fibre optique mais encore une fois avec une technologie alternative : le WDMPON qui est notamment assez présent en Corée du Sud.« Cette technologie est plus puissante et plus efficace que le GPON », explique le groupe. Contrairement au GPON qui mutualise le débit entre les boîtiers passifs et le central, le WDMPON permet d’attribuer une bande passante symétrique dédiée à chaque utilisateur. Il permet un débit de 100 Mb/s symétriques.

En Europe, les opérateurs ne semblent pas s’orienter vers cette technologie mais pour Nortel, les choix d’aujourd’hui ne seront pas définitifs. « Au contraire, nous arrivons à un bon moment car les opérateurs font des choix différents. D’ailleurs, WDMPON est actuellement testé par des grands opérateurs européens », affirme Michel Clément. Affaire à suivre donc.

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