Nouvelle vague de suicides chez Orange

Orange

Depuis le début de l’année 2014, il y a eu autant de suicides chez Orange qu’en 2013. Des actes en relation explicite avec l’environnement professionnel, souligne l’Observatoire du stress. Qui pointe en direction du plan Conquête 2015 mis en place par le Pdg Stéphane Richard.

Voilà une crise dont se serait bien passée la direction d’Orange, en particulier son Pdg Stéphane Richard dont le renouvellement à la tête de l’entreprise sera statué le 25 mars prochain par le conseil d’administration. Entre les 15 janvier et 25 février 2014, 9 salariés de l’opérateur se sont suicidés. « Soit en deux mois, presque autant qu’au cours de toute l’année 2013 », note l’Observatoire du stress dans les entreprises dans un communiqué daté du 13 mars.

Un taux anormalement élevé que l’Observatoire rapproche des conditions de travail, conséquences de la mise en œuvre de la stratégie d’Orange. « Sur les neuf cas portés à notre connaissance […] sept au moins ont une relation explicite au travail. » Les prochaines réunions au sein de l’opérateur du CNSHSCT (Comité national santé hygiène, sécurité et conditions de travail) et du CNPS (Comité national de prévention du stress), offriront l’occasion à la direction du groupe de s’expliquer sur la situation et sur les mesures qu’elle entend prendre pour stopper cette nouvelle vague de suicides.

Huit mesures anti-suicides

« Chacun de ces actes est par nature singulier et renvoie à des contextes différents, a indiqué un porte-parole de l’opérateur à l’AFP. Néanmoins, ces situations nous rappellent à la vigilance et au devoir d’interroger sans relâche l’efficacité des nombreux dispositifs de prévention mis en place depuis plusieurs années. » Notamment depuis 2010, date d’arrivée de Stéphane Richard à la tête de France Télécom – à l’époque -, qui présentait alors un plan de huit mesures pour mettre fin aux suicides.

Il s’agissait alors de répondre à une vague de suicides massive qui avait suivi le plan de restructuration Next 2007-2010, mis en œuvre par Didier Lombard, le prédécesseur de l’actuel dirigeant du groupe. Ce plan avait abouti au départ de 30 000 salariés, accentuant d’autant la pression sur ceux qui restaient dans un climat de pression concurrentielle due à l’ouverture du marché des télécoms. Sous l’égide de Stéphane Richard, la direction d’Orange avait apaisé cette tension en relançant les embauches et réaménageant le travail pour certaines catégories de personnel (notamment concernant la mobilité forcée).

Retour des anciennes méthodes

Mais il semblerait que la nouvelle stratégie Conquête 2015 atteigne à son tour ses limites. « La montée de l’inquiétude et du mal-être dans le personnel était sensible depuis plusieurs mois, et ses principales causes connues et mises en exergue dans les multiples enquêtes menées en national et dans les CHSCT de l’entreprise », indique l’Observatoire du stress. Qui souligne 15 000 départs attendus d’ici 2015 et 30 000 pour 2020, faiblement compensés par les 4 000 nouvelles embauches prévues.

« Dans de nombreux services, on compte la moitié de l’effectif parmi les partants : le travail doit donc être fait par ceux qui restent, deux fois moins nombreux », poursuit l’Observatoire qui dénonce le retour des anciennes méthodes de gestion (augmentation de la mobilité, mise en concurrence des salariés, évaluations individuelles…). Conclusions : « Les mêmes causes produisent les mêmes effets : on retrouve dans l’entreprise d’aujourd’hui les facteurs structurels de la crise 2007/2009, dont l’une des manifestations, la plus grave, est la remontée rapide des suicides. » Une crise supplémentaire pour Stéphane Richard alors que le secteur des télécoms initie une nouvelle phase de consolidation avec le rachat en cours de SFR par Numericable.


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