Nouvelles révélations sur les fraudes à Wall Street

Ce 14 octobre, à New York ont débuté les comptes-rendus de deux procès. Ils lèvent le voile sur les pratiques frauduleuses, qui furent monnaie courante aux plus belles heures de la ‘bulle Internet’… En ligne de mire: l’ancien boss du Credit Suisse First Boston

Deux affaires judiciaires font les gros titres des afficheurs /téléscripteurs de Broadway, ces jours-ci. La première met en cause l’ancien président de Tyco International, un magnat de la finance qui a accumulé l’achat de propriétés, yachts, bijoux, oeuvres d’art.

La seconde concerne plus directement le secteur des technologies: il s’agit du procès de Franck Quattrone, ex-dirigeant du Credit Suisse First Boston, la célèbre banque d’affaires qui, au coeur de Wall Street, a accompagné la réussite de belles sociétés -comme Cisco ou Amazon.com- dans leur financement et leur progression en Bourse.

Au début des années 90, il avait eu le flair d’aider à l’introduction en Bourse (IP0) de dizaines de sociétés, en prévoyant le « boom » des technologies. Sa fortune allait croître très rapidement, et sa rétribution annuelle atteindre les 100 millions de dollars à la fin des années 90.

Des allocations de stocks-options très avantageuses

Mais lors de l’éclatement de la Bulle Internet, des investigations ont été lancées par les autorités fédérales. C’est alors qu’il a demandé à ses employés, à la fin de l’année 2000, de détruire des documents afin de dissimuler des traitements de faveur au bénéfice de certains grands dirigeants. Ce fut une pratique courante à Wall Street: en échange de contrats commerciaux passés avec la banque, ces top-managers recevaient un pactole sous forme d’actions et de stock-options. Dans cette période ultra-spéculative, certains se sont construit de véritables fortunes. Ainsi, dans un courrier à Michael Dell, du 26 juillet 2000, M. Quattrone proposait de participer à l’introduction en Bourse de Corvis, une start-up spécialisée dans les réseaux sur fibre optique:

« Mon équipe croit comprendre que vous êtes personnellement intéressé par une allocation substantielle de titres Corvis , au sein du fonds d’investissement Dell Ventures« .

Réponse de Michael Dell; « Nous voudrions 250.000 actions Corvis.(…) Je sais qu’il y a des efforts des deux côtés pour construire une relation, une offre comme celle-ci serait certainement un plus »

Et quelques jours plus tard, Glenn Fuhrman, directeur de MSD Capital, filiale de Dell qui gère le patrimoine de la famille Dell, retourne un message:

« Nous savons que c’est difficile mais nous voulons demander une petite aide pour notre allocation de titres Corvis. Nous envisageons de faire de vous notre banquier numéro-un. (…) »

Le cours de l’action Corvis en quelques mois était grimpé de 18 dollars plus de 80!

Pour da défense, M. Quattrone invoque que les juristes du CSFB ne l’auraient pas averti de la gravité des faits, et il dément tout ou presque. Il nie avoir tenté, lui-même, d’aider le fonds de « venture capital » de Dell et le fonds d’investisssement de Michael Dell et de sa famille, en leur allouant des stocks-options de la société Corvis, lors de son introduction en Bourse en juillet 2000. Il aurait seulement été sollicité par des employés de CSFB pour des recommandations…

A propos des 120 millions de rétribution que M. Quattrone s’est alloués en 2000, son avocat a rétorqué candidement: « La question n’est pas de savoir combien M. Quattrone a gagné. C’est le rêve américain de voir les gens gravir les échelons, jusqu’au sommet« .

M. Quattrone risque 2 ans de prison, dit le Wall Street Journal.