La NSA prépare les États-Unis à la cyberguerre

La surveillance de masse n’est que la partie émergée de l’iceberg. L’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) entraîne ses hackers au combat cybernétique.

Nouvelles révélations sur les pratiques de la NSA. Selon des documents étudiés par Der Spiegel et dérobés par Edward Snowden, l’ex-consultant à l’origine des fuites sur la surveillance de masse menée par la NSA, l’Agence nationale de sécurité américaine prépare ses hackers au combat cybernétique mondial. Ils sont formés par Politerain, un centre de formation administré par la NSA via son unité d’accès aux systèmes d’information étrangers : TAO (Tailored Access Operation).

« Dégrader ou détruire à distance »

Politerain recrute et forme des stagiaires prêts à « casser des choses » pour défendre les intérêts des États-Unis, observe Der Spiegel à la lecture d’un document datant de 2007. Les candidats sont avertis qu’ils pourront être appelés à « dégrader ou détruire à distance les ordinateurs, routeurs, serveurs et périphériques réseau d’adversaires, en attaquant leur matériel informatique », note l’hebdomadaire dans son article du 17 janvier.

On y apprend, par exemple, que les pirates en formation peuvent utiliser un programme nommé « Passionatepolka » pour prendre le contrôle à distance de cartes réseau. Ils peuvent installer des backdoors logicielles persistantes avec un autre programme, « Berserkr », ou encore « effacer le BIOS d’une marque de serveurs qui agit comme un backbone pour de nombreux gouvernements rivaux » avec un logiciel appelé « Barnfire ».

Cette liste a déjà huit ans, mais l’objectif visant à « développer l’esprit du combattant » chez les espions de la NSA demeure, selon l’analyse proposée par Der Spiegel et des spécialistes de la sécurité IT, dont l’un des principaux contributeurs du projet Tor, le chercheur américain Jacob Appelbaum. La collecte et l’analyse de métadonnées ne serait donc que la partie émergée de l’iceberg…

Anticiper la cyberguerre mondiale

Avec quatre alliés anglophones, les États-Unis forment « l’Alliance des cinq yeux » (États-Unis, Canada, Grande Bretagne, Australie et Nouvelle-Zélande). D’après les documents mis à jour par le journal allemand, l’Alliance se prépare aux guerres du futur dans lesquelles Internet jouera un rôle central. Des équipes sont entraînées pour paralyser les réseaux ennemis et, par extension, toutes les infrastructures contrôlées par ces réseaux (énergie, eau, transport, flux financiers…). La surveillance pratiquée par la NSA n’est qu’une étape visant à détecter les vulnérabilités des systèmes ennemis. Une fois ces systèmes infiltrés, un accès permanent est obtenu. L’objectif ultime est la « domination ». Soit le contrôle de réseaux et infrastructures critiques et, si besoin, leur destruction.

Der Spiegel rappelle à ce propos une idée formulée en 1968 par Marshall McLuhan (1911-1980). Le théoricien canadien de la communication pensait que la troisième guerre mondiale serait une guérilla d’information sans distinction entre les civils et les militaires… La NSA – une agence du département de la Défense des États-Unis – s’y préparerait aujourd’hui. En témoigne la nomination à sa tête, il y a un an, du vice-amiral Michael Rogers, également commandant de l’US Cyber Command.

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