NTIC : la croissance perdure, les disparités aussi

Pour sa septième édition, le rapport DigiWorld de l’Idate souligne que le
secteur est à la croisée des chemins au moment où la croissance globale est
inférieure à celle de l’économie générale

Si la croissance des NTIC dans le monde est restée forte, elle commence à montrer des signes d’essoufflement et présente de fortes disparités selon les secteurs et les zones géographiques. C’est le principal enseignement du 7e rapport DigiWorld de l’Idate qui couvre les secteurs des télécoms, des équipements, des services, de l’informatique, de la TV et de l’Internet pour l’année écoulée.

En 2006, le marché ‘DigiWorld’ est évalué à2.600 milliards d’euros, soit une progression de 5,8% en un an. Mais cette croissance est inférieure à celle de l’économie générale (+6,3%), alors que l’an dernier, elle était en ligne avec celle-ci. L’Idate rappelle qu’avant la bulle internet, le marché des NTIC progressait deux fois plus vite que les PIB des nations.

Géographiquement, une région se distingue. Alors que l’Europe et l’Amérique du Nord affichent des taux de croissance stables, la dynamique a essentiellement reposé sur les marchés émergents (Chine et Inde). Pour autant, l’Europe et l’Amérique du Nord concentrent encore 53% du marché DigiWorld en valeur en 2006.

Le marché a représenté 773 milliards d’euros en Europe contre 844 milliards en Amérique du Nord et 739 milliards en Asie-Pacifique.

Les services, qu’ils soient télécoms ou informatiques continuent a représenter le gros du marché (70%). Mais l’Idate souligne le rythme soutenu des équipements télécoms (surtout les téléphones mobiles) et de l’électronique grand public notamment portée par le succès des écrans plats et des baladeurs numériques. Ce secteur passe de 235 milliards d’euros en 2005 à 259 milliards en 2006. Mais si la croissance en unités est forte, la croissance en valeur demeure plus faible à cause de la pression généralisée sur les prix.

Dans les services télécoms (40% du marché DigiWorld), l’Idate souligne  » un lent tassement de la croissance mondiale ». 70% de la croissance est générée par les marchés émergents tandis que les marchés avancés misent sur les innovations techniques et marketing.

La croissance des services mobiles compense la stabilité voire la baisse des services fixes. Globalement, les services télécoms ont représenté971 milliards d’euros en 2006 contre 934 milliards un an plus tôt.

Mais pour que l’essor des services mobiles perdure, les opérateurs devront revoir leurs modèles économiques, avertit l’Idate. « L’approche ‘chasse gardée’ est vouée à l’échec et la pression du modèle gratuit qui vient du monde de l’Internet déborde sur le mobile. Avec l’essor de la publicité en ligne, les cartes sont redistribuées, les opérateurs devront revoir les règles du jeu notamment au moment où l’on observe le relatif échec commercial de l’usage des services 3G », explique Didier Pouillot, responsable du projet DigiWorld pour l’Idate.

Du côté des opérateurs, l’Idate observe que le marché continue à se consolider autour de géants. Le nouveau AT&T qui englobe l’opérateur mobile Cingular reprend la première place mondiale avec un chiffre d’affaires 2006 de plus de 90 milliards d’euros. France Télécom passe derrière l’espagnol Telefonica qui a multiplié les opérations de croissance externe.« Les grandes opérations à l’international ont repris, et elles ne sont plus réservée à des opérateurs occidentaux », souligne Didier Pouillot.

En matière d’équipements télécoms, la croissance reste favorable mais est en mutation. Elle passe de 204 milliards d’euros en 2005 à 216 milliards un an plus tard. Là encore, le marché des équipements fixes baisse (-4,2% pour les accès fixes traditionnels, -6,5% pour les commutateurs voix) alors que celui des équipements mobiles bondit (+6,4% pour les combinés…)

La recomposition des acteurs se poursuit : les gros équipementiers se concentrent tandis que les plus petits comme Nec ou Nortel cherchent à se spécialiser pour éviter de devenir des cibles potentielles.

Enfin, dans le monde du Web, l’Idate souligne le succès des modèles vertueux des géants du secteur.« C’est un phénomène qui s’inscrit dans la durée grâce à des modèles économiques viables », explique Didier Pouillot.

Pour 2007, l’Idate table sur un marché global de 2.740 milliards d’euros, soit une progression d’un peu plus de 5% ce qui illustre la perte de vitesse des NTIC dans le monde.

L’institut d’études pointe par ailleurs différentes problématiques comme la monétisation toute théorique du Web 2.0 et la part de la publicité dans les revenus du monde de l’Internet ou du mobile. Pourra-t-elle tout financer ? La réponse est non dans certains domaines comme la TV Mobile. Il faudra donc revoir les business-models.