Numericable-SFR : Rentabilité au forceps et fuite des abonnés mobiles

Le premier trimestre complet de la nouvelle entité Numericable-SFR s’illustre par un retour à la croissance de 21% des revenus essentiellement dû aux synergies du groupe.

Si la rentabilité est en hausse, le portefeuille des clients mobile a baissé. Numericable-SFR vient de communiquer les résultats de son premier trimestre plein depuis la fusion effective du câblo-opérateur avec SFR racheté à Vivendi. Pour ce premier premier trimestre 2015, le nouveau groupe annonce un chiffre d’affaires de 2,74 milliards d’euros. Soit une baisse annuelle de 2,4% « essentiellement due à l’érosion des revenus mobile tant sur le segment du résidentiel que celui de l’entreprise », justifie l’opérateur. Qui se rattrape sur un Ebitda ajusté de 930 millions en hausse annuelle de 21% pour une marge de 34% du chiffre d’affaires également en progression de 7,2%.

Une progression des revenus qui s’explique par « la réorganisation interne et en faisant jouer la complémentarité [entre] un champion du très haut débit fixe et un champion du mobile », a justifié Eric Denoyer (photo), directeur général de Numericable-SFR, ce matin au micro de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe1. Une réorganisation interne qui passe néanmoins mal du côté des syndicats qui dénoncent la pression manageriale, les coupes budgétaires drastiques et le manque de dialogue social. Mais aussi du côté des fournisseurs confrontés aux exigences commerciales du groupe. « Je crois que certains fournisseur étaient sur des rentes de situation et ont fait beaucoup de bruit quand nous avons remis en cause ces rentes, de manière générale nous avons rationalisé, réorganisé et c’est dernière nous », a justifié Eric Denoyer. Quant au procès qu’intente Dalkia, une filiale d’EDF à qui Numericable-SFR aurait demandé une remise de 80% sur les tarifs d’électricité, pour rupture abusive de contrat, le dirigeant répond que « non, nous n’avons pas demandé une baisse de prix de l’électricité, nous avons réorganisé notre relation avec nos fournisseurs, [Dalkia] n’a pas forcément été d’accord avec ce nouvel arrangement, il n’y a plus de problèmes aujourd’hui et je pense que ce sera normalisé de manière générale dans quelques semaines ». A voir… Il n’en reste pas moins que, selon Challenge, EDF aurait basculés 12 000 abonnements SFR vers Orange par mesure de rétorsion.

Fuite des abonnés mobiles

L’opérateur est d’ailleurs confronté à une fuite de ses abonnés mobiles. Avec moins de 22,5 millions de clients, le groupe affiche une « légère » baisse de 2,5% par rapport à 2014. Soit quelque 400 000 utilisateurs mobiles en moins. Le marché résidentiel est principalement impacté d’une baisse de 5,7% à 15,8 millions d’abonnés. Un segment tiré vers le bas par l’abandon du prépayé (-19%). Néanmoins, les forfaits accusent également un retrait, de 2,1%, à 12,86 millions de comptes. L’Arpu (la rentabilité moyenne mensuelle par abonné) affiche une baisse « stabilisée » de 25,5 euros contre 25,9 euros un an auparavant.

La baisse du mobile est en partie compensée par la hausse du fixe. Essentiellement sur l’offre très haut débit (à plus de 30 Mbit/s) qui, avec près de 1,6 million d’abonnés, progresse de 6,7% sur l’année. L’adoption du très haut débit s’accélère. Environ 48 000 clients ont souscrit à une offre fibre sur le premier trimestre. Contre 68 000 sur l’ensemble de l’année 2014. Une partie des clients ADSL a probablement basculé sur la fibre de SFR ou le coaxial de Numericable. Ce segment affiche dans tous les cas un recul de 4% pour atteindre 4,925 millions de clients au 31 mars. Une décrue logique qui reflète la tendance nationale et va se poursuivre avec le basculement des utilisateurs vers le très haut débit. Il restera à voir si ceux-ci basculent chez Numericable-SFR ou un concurrent. Au total, le nombre de clients fixes du groupe s’élève à 6,52 millions d’abonnés. L’Arpu bénéficie d’une légère hausse de moins de 1% à 34,3 euros.

400 millions d’investissements

Autre hausse affichée, celle des investissements. Elle atteint 27% à 400 millions. Le groupe déclare avoir amélioré la qualité de son réseau mobile, en 3G 900 MHz notamment, tout en poursuivant les déploiements de la 4G. Le plan d’investissement prévoit toujours de couvrir 70% de la population en LTE pour la fin de l’année, puis 90% en 2017 et 99% en 2020. Côté fixe, le THD (mixte FTTH et FTTLA) atteindra les 7,7 millions de prises en 2015 puis 12 millions en 2017 et 15 millions en 2020. « SFR entend rester le leader de la Fibre et assurer le succès du plan France Très Haut Débit du Gouvernement », commente le groupe. Il sera principalement confronté à Orange qui a également décidé d’accélérer ses déploiements de la fibre de bout en bout en France.

Le résultat net de Numericable-SFR s’élève à 816 millions d’euros pour une dette nette de 10,715 milliards au 31 mars 2015. Le groupe va poursuivre ses mesures d’économie, notamment sur les synergies non industrielles dont la réalisation serait en avance sur l’objectif initial. « Ce dernier était de réaliser 1,1 milliard d’euros de synergies brutes annuelles d’ici la fin 2017 et devrait donc être dépassé », indique l’opérateur.


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