Numericable-SFR proposerait 8 milliards d’euros pour Bouygues Telecom

L’acquisition de Bouygues Telecom par Altice, propriétaire de Numericable-SFR, se heurtera à de nombreux obstacles. A commencer par l’opposition de Martin Bouygues à vendre.

La consolidation du secteur des télécoms en France pourrait se poursuivre en 2015. L’intention de racheter Bouygues Telecom est toujours dans l’air du temps du côté d’Altice, le fonds d’investissement de Patrick Drahi propriétaire de Numericable-SFR. Le nouvel ensemble aurait ainsi communiqué sur le prix qu’il serait prêt à payer pour acquérir la filiale de Bouygues : 8 milliards d’euros, indique un rapport d’OFG Recherche du 26 janvier qu’a obtenu BFM Business. Une information qui vient en écho aux propos que Dexter Goei, le directeur général d’Altice, avait tenus à l’automne dernier. « Nous nous considérons comme les acheteurs naturels (de Bouygues Telecom) », déclarait-il dans le cadre de la conférence Technology, Media and Telecom de Morgan Stanley qui se déroulait à Barcelone le 20 novembre.

Un chiffre de 8 milliards qui correspondrait à l’offre faite par Orange lors de sa tentative de rachat de Bouygues Telecom dans la foulée du bouclage de l’acquisition de SFR par Numericable en mai 2014. Tentative finalement avortée faute de pouvoir disposer des fonds et qu’Arnaud Montebourg, alors ministre de l’Economie, avait refusé une transaction en actions, rapporte notre confrère de BFM. A l’époque, le chiffre de 6 milliards avait néanmoins circulé. Soit plus que les 5 milliards qu’aurait proposés Free un an auparavant et que Martin Bouygues avait catégoriquement rejetés.

L’obstacle Free

Au-delà de la capacité d’Altice à assurer un nouvel endettement après le chèque de 13,5 milliards signé à Vivendi, l’investisseur se heurterait à plusieurs obstacles. D’abord convaincre Martin Bouygues qui, après l’échec du rachat de SFR, avait décidé de poursuivre le développement de l’opérateur de manière autonome. Une stratégie qui s’est notamment traduite par un nouveau plan de restructuration finalement ramené à moins de 1100 départs (au lieu des plus de 1500 initialement prévus). Par ailleurs, cette nouvelle opération de concentration sera surveillée de très près par l’Autorité de la concurrence.

Celle-ci pourrait ainsi exiger d’importantes concessions pour maintenir l’équilibre du secteur, tant au niveau des fréquences mobiles que de l’infrastructure réseau, voire de la base des abonnés. Seul Free, a priori, pourrait être intéressé par de tels actifs. Or, Xavier Niel s’estimait récemment incontournable dans un scénario de consolidation du marché qu’il n’avait nullement envie de voir évoluer. « La consolidation du marché ne peut pas se passer sans nous, donc il n’y aura pas de consolidation », déclarait-il en novembre dernier. La question sera alors de voir si Patrick Drahi parviendra à convaincre son homologue d’Iliad de regarder à nouveau le dossier Bouygues Telecom. A moins que le groupe de Xavier Niel ne soit lui-même de nouveau intéressé par l’acquisition de son concurrent.


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