Le numérique est un vecteur d’égalité femmes-hommes au travail

Doubler le rythme auquel les femmes adoptent les technologies numériques permettrait d’atteindre en 2040, au mieux, l’égalité femmes-hommes dans la sphère professionnelle.

En dépit du volontarisme affiché par de grands groupes high-tech, les femmes sont minoritaires parmi les décideurs en entreprise et moins bien payées que les hommes. Malgré tout, le numérique contribue à réduire les inégalités de traitement entre les genres dans la sphère professionnelle, d’après une étude du cabinet de conseil Accenture. Diffusée à l’occasion de la journée internationale des femmes du 8 mars, l’enquête « Getting to equal » (vers l’égalité) a été menée auprès de 4 900 femmes et hommes dans 31 pays, dont la France, entre décembre 2015 et janvier 2016.

Les compétences technologiques jouent un rôle clé dans le développement de carrières, mais les femmes sont moins nombreuses que les hommes à les développer. Les femmes sont encore peu présentes dans les cursus ingénierie, sciences et technologies. Cela se traduit par une pénurie de main-d’oeuvre féminine qualifiée pour des emplois techniques que les entreprises elles-mêmes rechignent à ouvrir aux femmes. Et les plus déterminées d’entre elles se heurtent au plafond de verre lorsqu’il est question de se hisser au sommet de la hiérarchie… Pourtant, doter les femmes des compétences qui leur permettent de tirer profit des technologies servira à la fois leur propre intérêt et celui d’économies qui peinent à limiter l’inadéquation entre l’offre et la demande de compétences.

L’égalité professionnelle peut gagner 25 années

« Les femmes sont une source de talents inexploitée qui peut aider à réduire les écarts entre les compétences nécessaires aux entreprises pour rester concurrentielles et les talents (réellement) disponibles sur le marché du travail », commente Pierre Nanterme, Pdg d’Accenture. À ses yeux, gouvernements et entreprises disposent d’une « opportunité sans précédent d’œuvrer ensemble » pour accélérer, grâce au numérique, l’égalité femmes-hommes dans le cadre professionnel.

Ainsi, selon Accenture, doubler le rythme auquel les femmes adoptent les technologies numériques (logiciels, services en ligne, terminaux et réseaux) permettrait d’atteindre une hypothétique égalité femmes-hommes en 2040, plutôt qu’en 2065 au rythme actuel, dans les pays avancés. Dans les pays émergents, cette égalité au travail pourrait être atteinte en 2060, plutôt qu’en 2100…

Des écarts de rémunération persistants

Aujourd’hui, si la maîtrise du numérique aide les femmes des générations X et Y à progresser dans leur carrière, elle n’a mis fin « ni à l’inégalité hommes-femmes chez les cadres, ni aux inégalités de salaires », souligne Accenture. Dans le développement logiciel, par exemple, les femmes représentent 10 % des développeurs (mais 27 % des travailleurs du secteur numérique français, selon Syntec Numérique). En France, tous secteurs confondus, l’écart moyen de salaire entre hommes et femmes est de 19 %. Du côté des travailleurs indépendants, selon le site Hopwork (qui déclare 6 % de femmes parmi les développeurs freelance), le tarif jour moyen est 16 % moins élevé pour les femmes.

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