Olivier Micheli : «Data4 est porté par les grands du Cloud»

Avec 40% du marché du datacenter parisien capté en 2016, Data4 ne cache plus ses ambitions de croissance et se tient prêt à accueillir les fournisseurs de Cloud.

Plus discret, sur le plan médiatique du moins, que nombre de ses concurrents internationaux, le français Data4 n’en affiche pas moins une dynamique détonante dans le secteur de la colocation commerciale parisienne. « Nous avons gagné 40% du marché français en 2016, soutient Olivier Micheli, CEO de l’entreprise créée en 2006 sur l’ancien campus d’Alcatel à Marcoussis. Et 50% en Italie » où Data4 exploite également des centres de calculs depuis 2013 à Milan ainsi qu’au Luxembourg. « Sur les 18 mégawatts (MW) commandés au niveau parisien, nous avons signé plus de 7,5 MW l’année dernière », poursuit le dirigeant. Qui ajoute avoir vendu plus de 10 MW de puissance informatique au total, soit l’équivalent de 3 000 racks ou 100 000 serveurs.

16 datacenters en 2017 à Paris

Olivier Micheli, CEO, de Data4, revendique sa position de dernier acteur indépendant en Europe à taille humaine sur le secteur de la collocation.
Olivier Micheli, CEO, de Data4, revendique sa position de dernier acteur indépendant en Europe à taille humaine sur le secteur de la colocation commerciale.

Si 2016 a été une année faste, 2017 devrait prolonger l’accélération du groupe. Après avoir ouvert son premier datacenter en 2007, il en comptera 16 d’ici la fin de l’année à Paris. Deux nouveaux sites ouvriront leurs portes dans le courant de l’année sur ce qu’est devenu le Data4 Campus Paris-Saclay. L’hébergeur se distingue en concevant, construisant et exploitant lui-même ses datacenters. « Nous avons un modèle à 2000 m2 à 4 MW que notre maîtrise industrielle nous permet de construire entre 7 et 9 mois, explique notre interlocuteur. C’est imbattable dans le secteur. Cela nous permet de mobiliser le capital nécessaire pour répondre aux attentes du marché. » Un délais de livraison très court apprécié du client en regard des 12 à 18 moins nécessaires généralement. Le dirigeant de Data4 n’en réfléchit pas moins à la conception d’un datacenter plus important « pour les économies d’échelle ». Mais, dans l’immédiat, il devrait maintenir un rythme d’ouverture de deux sites annuellement.

Entre 2016 et 2017, l’entreprise française aura investi 100 millions d’euros dans ses infrastructures. Pour un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros qui devrait connaître une croissance de 25% cette année pour doubler à l’horizon 2020. Après une décélération entre 2013 et 2015, le marché de la colocation a en effet retrouvé des couleurs en 2016 en France. Un secteur soutenu à la fois par les besoins des gros fournisseurs de Cloud américains et ceux des entreprises. Ces dernières privilégient désormais l’externalisation « pour avoir plus de flexibilité, une empreinte au sol variable selon l’activité et diminuer le risque opérationnel pour faire communiquer entre elles les applications hébergées sur différentes plates-formes ».

Une cinquantaine de clients

De leur côté, « les grands acteurs du Cloud ont besoin de se rapprocher des utilisateurs locaux pour des questions de réglementation et de souveraineté des données d’une part mais aussi pour disposer d’une latence réduite et donc d’une meilleure qualité de service », constate Olivier Micheli. Les AWS, Microsoft, Google, Oracle, IBM/Softlayer et autres Salesforce ne construisent pas de hub nationaux et préfèrent s’installer chez les hébergeurs locaux. Tenu par des accords de confidentialité, notre interlocuteur ne nous précisera pas si un Microsoft ou AWS, qui n’ont pas caché leur volonté de déployer des capacités en France, s’installeront entre les murs de Data4. « On répond à tous les segments de marché », laisse-t-il entendre en ajoutant que deux-tiers de l’activité provient des fournisseurs de services Cloud et un-tiers des entreprises pour leurs besoins propres. Data4 compte une cinquantaine de clients dont 40% issus du CAC 40.

Le le Data4 Campus Paris-Saclay accueillera 16 datacenters en 2017.
Le Data4 Campus Paris-Saclay accueillera 16 datacenters en 2017.

Le fournisseur français a fait ce qu’il fallait pour répondre à tous les besoins. Notamment en matière de connectivité « qui est aussi importante que la climatisation et l’électricité ». Ce qui s’est traduit en 2016 par un « fort investissement » dans 2 fois 144 paires de fibre auprès d’Interoute en France et de Retelit en Italie. « On se connecte aux 30 nœuds principaux de Paris, Milan et Grand Duché, tous nos sites sont interconnectés en niveau 2 et 60 opérateurs y sont présents aujourd’hui », précise Olivier Micheli. Un volume de partenaires fournisseurs de connectivité qui va continuer à s’étoffer. Mais surtout, le dirigeant met en avant la capacité à pouvoir accompagner la croissance de ses clients. Data4 dispose en effet de la plus grande capacité foncière et électrique de France avec 112 hectares et 105 MW à Paris, et 10 hectares et 60 MW à Milan. « Si demain [les grands de l’Internet] veulent 20 MW, on a la capacité de répondre à leur demande », assure le responsable.

107 destinations de Cloud

Un accompagnement qui pourrait s’élargir à l’international au-delà de l’Italie, où un quatrième datacenter ouvrira ses portes cette année, et du Luxembourg. « On regarde l’Espagne, l’Allemagne et les pays nordiques, confie Olivier Micheli. Nous pensons qu’il y a encore des opportunités pour consolider le marché, nous sommes le seul acteur européen à taille humaine à pouvoir le faire. » Soutenue par Colony Capital, cette diversification multi-territoriale permettrait également de palier les périodes d’accalmie de ce marché assez cyclique. « Cela offre une capacité à absorber les chocs », considère le dirigeant.

Mais pour l’heure, la priorité reste le développement de la plaque parisienne. Ce qui passera par le lancement, ce mois-ci, de « Digital Hub », une plate-forme de services avec des solutions d’hébergement qui offre aujourd’hui 107 destinations de Cloud en Iaas, Paas et Saas. Autrement dit, des liens privés et sécurisés vers les services Office 365, Azure, Oracle, Salesforces, AWS, etc. Une interconnexion qu’Olivier Micheli assure pouvoir établir en une semaine. « C’est juste une configuration de lien direct cross connect qui ne nécessite aucun déploiement d’infrastructure. » De quoi séduire nombre d’entreprises qui distribuent toujours plus leurs applications aux quatre coins de leur Cloud hybride. Et d’être en mesure de se montrer un peu moins discret sur la place de Paris.


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crédits photos : Data4