Oracle agresse HP en prédisant la fin des serveurs Intel Itanium

Le divorce entre Oracle/Sun et HP tourne à la rixe. Oracle affirme qu’Intel ne continuera pas le développement des processeurs Itanium, lesquels restent stratégiques pour HP. Et Bull

La semaine passée, HP réitérait ses engagements en faveur des serveurs Integrity conçus autour des processeurs Itanium d’Intel. Réunissant la presse spécialisée, HP réaffirmait toute son argumentation, en présence de Pascal Lassaigne, directeur technique d’Intel France, sur les avantages de son offre Integrity supportant, sous HP-UX, des applications critiques, sur des machines à quasi-tolérance de pannes, conçues pour ne s’arrêter jamais, y compris lors de migrations ou mise à jour des systèmes ou logiciels.
Pour HP, c’est tout l’enjeu de la pérennité des applications issues des plates-formes RISC,  alternatives à des très gros serveurs, voire des mainframes d’IBM, avec les HP Superdome.

Seulement voilà,  coup sur coup, Microsoft et Oracle ont affiché leurs distances, et, à un moindre niveau, RedHat et Ubuntu. Microsoft avait diplomatiquement averti, depuis plusieurs mois déjà, qu’il n’englobait plus les plates-formes Itanium sur ses roadmaps de développpements.
Oracle, ce 22 mars, a frappé beaucoup plus fort, en frisant la désinformation. En effet dans un communiqué lapidaire, Oracle (acquéreur de Sun) annonce qu’il abandonne tout développement logiciel pour les plates-formes Intel Itanium.

Cette décision, dit le communiqué, a été prise «après de multiples discussions avec les plus hauts dirigeants d’Intel». Le top management aurait laissé clairement entendre (« made it clear« ) que les Itanium connaîtraient bientôt leur fin.
Oracle dit toutefois continuer d’assurer le support sous HP-UX/Itanium mais a décidé d’arrêter tout développement autour de ses logiciels de gestion de base de données (SGDB) et autres produits pour cet environnement matériel.

C’est évidemment un nouvelle pique contre HP. Mais comme le note notre confrère ITespresso, c’est aussi « un coup dur pour Intel« . (cf. article ‘Itanium se retrouve sous les tirs croisés de Oracle et HP‘)
Les processeurs Itanium, basés sur une architecture IA-64 (Intel Architecture 64 bits) de type EPIC (Expliciltly Parallel Instruction Computing), ont été, à une époque récente (2003) le fruit d’un co-développement entre Intel et HP.  Ce dernier a longtemps, il est vrai, donné le sentiment de soutenir le processeur Itanium plus qu’Intel lui-même.
Mais la situation a évolué par la suite. Intel a bien repris le flambeau, en réinvestissant beaucoup jusqu’à annoncer et délivrer la nouvelle génération d’Itanium multi-coeurs (‘Tukwila‘), un couronnement pour HP.
Au delà – et contrairement à ce que veut affirmer Oracle-, Intel a récemment confirmé la roadmap de la famille Itanium: après Tukwila (les premiers multi-coeurs) s’annoncent le Poulson (comptant 3,1 milliards de transistors – un record) et, pour 2012, le Kittson.

HP soutenu par Bull
« C’est encore 10 ans de stabilité autour de cette plate-forme« , martèle HP, s’appuyant sur ces pré-annonces d’Intel.
En Europe, HP n’est pas seul.  Ainsi, Bull continue d’investir sur Itanium avec son environnement GCOS 8:
« Nos mainframes ouverts Novascale GCOS 8 intègrent les processeurs Intel Itanium les plus récents (« Tukwila »). Annoncès en 2010, ils seront commercialisés pendant plusieurs années. La feuille de route des systèmes Novascale Gcos 8 prévoit l’intégration du nouveau processeur Intel Itanium (nom de code « Poulson« ) quand il sera disponible« , nous affirme un porte-parole de Bull.

« Les caractéristiques techniques des processeurs Intel Itanium, notamment en termes de haute disponibilité et de puissance, sont parfaitement adaptées aux environnements mainframes Gcos 8. Ceux-ci sont en effet utilisés pour les applications critiques de grandes entreprises et d’administrations centrales« .

Toujours selon Bull, « si les processeurs Intel Itanium sont les moteurs des systèmes Novascale Gcos 8, l’architecture de ces systèmes allie les technologies Intel Itanium et Intel Xeon. Cette architecture permet ainsi aux applications Gcos 8 de coopérer avec les applications Linux et Windows et d’adresser les bases de données du marché (notamment Oracle, Microsoft SQL, PostgreSQL). »

A qui profite le crime?
Ceux qui suggèrent d’abandonner les plates-formes Itanium ont, bien évidemment, leurs visées: pour Oracle, c’est attirer des clients vers Sparc Solaris,  pour Microsoft c’est Windows Server sur Intel x86, pour IBM c’est AIX Power et pour les autres, c’est Linux (sur Dell, comme sur HP Proliant ou IBM Power Systems)…
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Le communiqué d’Oracle,
dans un anglais des plus limpides… :
« After multiple conversations with Intel senior management Oracle has decided to discontinue all software development on the Intel Itanium microprocessor. Intel management made it clear that their strategic focus is on their x86 microprocessor and that Itanium was nearing the end of its life.
Both Microsoft and RedHat have already stopped developing software for Itanium.  HP CEO Leo Apotheker made no mention of Itanium in his long and detailed presentation on the future strategic direction of HP.
Oracle will continue to provide customers with support for existing versions of Oracle software products that already run on Itanium
. »