Oracle finance une campagne de dénigrement anti-Google

Oracle vient de reconnaître qu’il participait au financement de la campagne Google Transparency Projet visant à mettre en lumière le lobbying de Mountain View. Une nouvelle preuve de la haine farouche que Redwood Shores voue au géant de la recherche.

Née en 2015, l’organisation américaine Campaign for Accountability entend œuvrer pour la transparence économique des Etats-Unis en révélant notamment les relations que les grandes entreprises entretiennent avec le gouvernement. En avril dernier, une initiative de cette organisation, baptisée Google Transparency Project, se donnait pour ambition de révéler comment les décisions prises en secret entre le gouvernement et Google affectent la vie des Américains.

Il est certes évident que Google mène un lobbying assez actif auprès de l’administration des Etats-Unis. Faire la lumière sur les conséquences de son influence auprès des pouvoirs publics relève donc plutôt d’une démarche saine. A priori. Mais quand cette même organisation, qui prône la transparence pour Google, refuse elle-même de révéler ses soutiens financiers, on peut douter du bien-fondé de son initiative. Une croisade pour la transparence elle-même marquée d’une certaine opacité n’incite guère à la confiance.

Oracle, contributeur parmi d’autres

Fortune s’était alors interrogé sur l’origine des fonds finançant cette campagne « d’information ». Et soupçonnait déjà Oracle qui avait alors refusé de confirmer l’information. Aujourd’hui, le magazine américain dévoile que la firme fondée par Larry Ellison finance bien, pour partie, le Google Transparency Project. « Oracle est effectivement un contributeur (parmi d’autres) du Transparency Project. C’est une information importante que le public doit connaître », a déclaré au magazine Ken Glueck, vice-président d’Oracle.

Les relations entre Google et Oracle sont tendues depuis 2010. Date à laquelle la firme de Redwood Shores poursuit en justice celle de Mountain View pour utilisation abusive de Java, le langage de programmation qu’Oracle avait récupéré lors de l’acquisition de Sun Microsystems en 2010 (lequel avait versé Java en Open Source dès 2006). Oracle accuse le moteur de recherche d’utiliser des API Java dans son OS Android sans s’acquitter de la licence d’exploitation.

Microsoft aux côtés d’Oracle ?

Depuis, les procès se succèdent. Et Oracle les perd tous ou presque. Le dernier en date remonte à mai dernier (lire « API Java sur Android : Google met un KO judiciaire à Oracle »). Le spécialiste des bases de données s’est fait débouter de sa demande de 9,3 milliards de dollars de dédommagement. Le jury a considéré que Google faisait preuve d’une « utilisation équitable » des API Java soumises à copyright. Ce qui n’a pas empêché Oracle de faire appel. Pensant peut-être que l’entreprise de Mountain View a usé de sa puissance pour influencer le jury californien ?

Il reste néanmoins à déterminer qui cofinance, aux côtés d’Oracle, le Transparency Project. On pense évidemment à Microsoft. Il est vrai que Redmond, sous l’ère Ballmer notamment, a investi beaucoup d’énergie pour dénigrer son concurrent (en l’accusant de position dominante dans la recherche, en ridiculisant Gmail, etc.). Il semble cependant que ces pratiques soient révolues depuis l’arrivée de Satya Nadella aux commandes. Preuves en sont que les deux firmes ont décidé de travailler ensemble sur la question des brevets ou encore que Edge, le navigateur de Windows 10, devient compatible avec les extensions de Google Chrome. On pourrait également penser à Apple, dont iOS est soumis au rouleau compresseur Android. Mais la firme créée par Steve Jobs n’a jamais montré un goût prononcé pour les techniques d’attaques détournées de ses concurrents préférant plutôt se concentrer sur ses développements. Une politique dont Oracle ferait bien de s’inspirer ?


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