Oracle: résultat décevant, mais…

La firme à la fièvre acheteuse serait-elle momentanément pénalisée par la digestion de ses acquisitions? Certes le chiffre d’affaires est en hausse, par croissance externe d’abord -semble-t-il

Oracle vient de publier ses chiffres trimestriels: son résultat net est en retrait. Ce qui traduirait les coûts, post-opératoires, de l’acquisition de PeopleSoft.

En effet, le bénéfice du groupe recule de 2,1% à 898 millions de dollars. En revanche, le bénéfice par action (BPA), à 15 cents (contre 16 cents un an plus tôt), reste conforme aux attentes. D’ailleurs, depuis l’intégration de PeopleSoft, certes les bénéfices du groupe déçoivent, mais sur trois trimestres consécutifs ils restent supérieurs aux prévisions des analystes. En excluant l’impact du rachat, la marge brute bénéficiaire serait de 972 millions de dollars. Le chiffre d’affaires consolidé montre évidemment une forte progression de +19% à 3,29 milliards de dollars. C’est heureux et sans surprise, après la vague d’acquisitions qui a emporté l’éditeur. 19 milliards de dollars de rachats en deux ans ? dont une acquisition majeure, PeopleSoft, qui a absorbé la majorité du budget d’acquisition avec 11,1 milliards – il faut bien les digérer ! En la matière chez Oracle, l’évolution du chiffre d’affaires n’a pas suffi à compenser les frais d’amortissement. Ce 14 décembre, en fin de séance, Wall Street, a porté sa sanction: l’action a chuté de 4% à 12,38 dollars. Déjà lors du précédent trimestre fiscal, Oracle Corp avait déçu les marchés, certains analystes constatant que l’activité traditionnelle du groupe, les bases de données, cherchait un nouveau souffle. Le Wall Street Journal constate que la progression du chiffre d’affaires serait due pour l’essentiel aux applications dédiées aux directions financières et aux ressources humaines -ce qui renvoie aussi à l’activité de PeopleSoft. Et la situation pourrait se dégrader, car Oracle a indiqué que pour le trimestre en cours, son quatrième trimestre fiscal qui se terminera fin février, il abaissera la barre du BPA à 19 cents, hors coût des acquisitions. Et là c’est 1 penny de moins que le consensus ! A noter que l’éditeur intègre l’effet dollar dans son analyse, le redressement du billet vert face à l’euro et au yen pourrait coûter jusqu’à 3% des revenus et bénéfices du groupe en 2006. Et prochainement, l’acquisition de Siebel Systems sera finalisée. Il faudra encore sortir 5,85 milliards de dollars supplémentaires. Et là encore il faudra absorber cette charge. Certes, Oracle en a les moyens, mais la digestion risque encore une fois d’être longue. Déjà, la valorisation du groupe sur les marchés financiers a baissé de -6% sur l’année, soit un repli de 5 milliards de dollars. Pourtant, les fondamentaux d’Oracle restent bons. Par exemple, les ventes de nouvelles licences ont progressé de 9% d’une année sur l’autre, à 1,06 milliard de dollars. Un indicateur précieux et rassurant. Autre point de satisfaction, les ventes de logiciels applicatifs (ERP en particulier) progressent sensiblement, de 24% à 266 millions de dollars. Attention cependant à rester vigilant, car l’allemand SAP se tient en embuscade. Oracle devra rapidement simplifier sa stratégie en intégrant de manière plus transparente les applications qui ont et vont rejoindre son catalogue.