Orange annonce 2 milliards d'euros dans la fibre optique

En investissant 2 milliards d’euros d’ici 2015, Orange accélère ses déploiements de l’offre très haut débit dans une quinzaine de villes en France.

France Télécom a annoncé, mercredi 10 février, son plan financier pour soutenir le déploiement de la fibre optique en France. L’opérateur n’y va pas par quatre chemins : il va investir 2 milliards d’euros d’ici à 2015 dans les zones denses et moyennement denses pour amener le très haut débit optique (FTTH pour Fiber To The Home) dans les foyers.

Elles sont donc loin les menaces du groupe de geler les investissements dans la fibre optique en protestation du plan de déploiement multifibres préconisé par l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) au début de l’été dernier. « Orange se félicite de la clarification du cadre réglementaire récemment intervenue dans le déploiement du très haut-débit et estime que les conditions sont aujourd’hui réunies pour une reprise des investissements dans ce domaine », souligne l’opérateur.

Il est vrai qu’entre temps, le plan de l’Arcep a reçu l’aval de Bruxelles et celui du gouvernement français. Et quand bien même, il était hors de question de laisser à la concurrence le marché du très haut débit qui amènera Internet (et ses services IP tels que la téléphonie, la télévision, etc.) jusqu’à 100 Mbit/s dans les foyers français. Rappelons que le plan multifibres vise à désigner un unique opérateur par site, chargé d’installer, selon les demandes, la fibre de ses concurrents parallèlement à la sienne dans les immeubles. Facturation des surcoûts à l’appui.

Une politique qui a le mérite d’inciter les opérateurs à investir sur un pied d’égalité dans le déploiement de la fibre. Dans ce cadre, les principaux opérateurs concernés (Orange, SFR, Iliad/Free et Completel/Numéricâble) doivent présenter la semaine prochaine leur offre de câblage pour 250 000 immeubles de plus de 12 logements sur 148 communes. Des offres tarifées qui permettront aux opérateurs de définir leur stratégie de couverture fibre dans les zones denses (zone 1).

Pour l’heure, France Télécom a investit l’Ile-de-France et 9 autres communes dans lesquelles l’opérateur « reprendra » ses déploiements. « Ce déploiement sera également étendu dès 2010 dans de nouvelles villes telles que Cannes, Montpellier, Orléans, Rennes, Strasbourg et Toulon », complète Orange. Il semble bien que ce dernier veuille avant tout convertir ses abonnés ADSL à la fibre. Quand on sait que, à 44,90 euros mensuel, l’offre optique est en moyenne 10 euros plus onéreuse que l’ADSL, on comprend la volonté de l’opérateur à vouloir accélérer ses déploiements très haut débit, notamment face à une concurrence qui jouera sur des tarifs équivalent ou proches de ceux de l’ADSL. Au 30 septembre 2009, Orange comptait 33 000 clients à son offre « la fibre ».

Orange ne s’arrêtera pas en si bon chemin et compte s’attaquer aux zones moyennement denses (zone 2). « Une phase d’expérimentation sera menée à Chatou (78) et Oullins (69) avant un déploiement plus large dès que possible dans six villes dès 2010 : Brest, Dijon, Le Havre, Pau, Reims et Valenciennes », précise l’opérateur malgré l’absence de cadre réglementaire. Orange a déjà signé un accord de partenariat expérimental avec SFR pour déployer la fibre dans les quartiers moyennement peuplés (zones pavillonnaires…). Une expérimentation à laquelle devrait se joindre Free. « Des discussions sont en cours de finalisation pour l’étendre à Free et à une troisième ville. Cet accord peut s’ouvrir à d’autres opérateurs. »

Si en apparence, le montant de 2 milliards annoncé semble conséquent, il s’inscrit dans une logique de développement « normal ». Orange précise : « Avec ce nouveau programme, le groupe n’envisage pas de modifier substantiellement le montant de ses investissements en France, dont une partie importante est et continuera d’être consacrée à la modernisation et à la maintenance de son réseau et de son infrastructure de services. » Et de rappeler que « le groupe investit déjà en France près de 3 milliards d’euros par an dans ses réseaux et ses infrastructures pour le grand public et les entreprises ». Une façon de rassurer les actionnaires sur ses capacités de développements sans alourdir outre-mesure la dette du groupe. Reste maintenant à attendre les annonces de la concurrence qui a intérêt à rapidement se positionner pour s’installer sur ce prometteur marché du très haut débit en France.