Orange augmente le prix de son abonnement téléphonique

Orange a augmenté de 1 euro le prix de l’abonnement mensuel au téléphone. Une hausse justifiée par la nécessité d’entretenir la vieille infrastructure cuivre analogique.

Orange vient d’annoncer une augmentation du prix de ses prestations. Non pas sur les services mobiles ou Internet (qui peuvent néanmoins surgir à l’occasion de nouvelles offres) mais sur l’abonnement à la traditionnelle ligne fixe analogique (dite RTC pour réseau téléphonique commuté). Celui-ci augmente de 1 euro TTC en métropole (0,84 euro HT dans les DOM). Effective depuis hier, mardi 24 mars, la hausse tarifaire fait donc passer l’abonnement de 16,96 euros TTC par mois à 17,96 euros. Soit une progression de 6% passée relativement inaperçue. Orange déclare néanmoins avoir informé ses clients de cette modification contractuelle depuis le 17 décembre dernier.

Sont directement concernés les clients de l’opérateur historique abonnés au service avec paiement à la communication (abonnement nu, y compris dans le cadre des formules Internet en dégroupage partiel) et ceux qui ont souscrit à des forfaits et services, que ce soit pour des offres en cours de commercialisation (Mon Optimale, Ligne Résidence Secondaire), y compris les utilisateurs dont l’offre voix est portée par la fibre, comme celles qui ne le sont plus (Optimale). En revanche, les formules illimitées Mon Optimale Illimité, Mon Optimale Services Illimité, Mon Optimale Internet, Mon Optimale Fibre Illimité, sont épargnées par la hausse tarifaire. Ce sont néanmoins les plus onéreuses et probablement les plus rentables pour Orange.

Un réseau qui coûte cher

L’opérateur justifie cette initiative par la nécessité d’entretenir le réseau téléphonique cuivre historique, et son réseau commercial lié, en regard du nombre toujours plus réduit de clients aux seules offres voix. Sur les 35,7 millions de lignes cuivre en service comptabilisée au 30 septembre 2014 par l’Arcep, seules 11,4 millions sont encore utilisées pour servir un abonnement RTC. Plus de 21,3 millions de lignes téléphoniques ont basculé sur des abonnements numériques combinant voix et Internet sur large bande. Et 3,1 millions de lignes combinent service Internet (large bande) et service voix analogique (RTC) dans le cadre du dégroupage partiel. Les lignes à large bande sont devenues majoritaire en faveur des offres ADSL en 2012 en France. Et la tendance ne cesse de croitre (+1,7 million en un an, en hausse de 5 points).

D’où le manque à gagner pour Orange même s’il refacture aux opérateurs alternatifs la location de la paire de cuivre à hauteur de 9,02 euros HT par mois. Un tarif qui avait lui-même augmenté de 12 centimes depuis le 1er février. Selon l’Arcep, le revenu des communications « se réduit depuis plus de dix ans en raison du reflux continu sur cette période du nombre d’abonnements à la téléphonie traditionnelle ». Il s’élevait à 260 millions d’euros au troisième trimestre 2014. Trop peu, visiblement, pour qu’Orange maintienne ses offres. Lors de la présentation de son plan stratégique Essentiels 2020, le 17 mars dernier, l’opérateur historique a d’ailleurs annoncé qu’il envisageait l’arrêt de la commercialisation des services voix RTC fin 2017.

La disparition programmée du cuivre

La voix analogique n’a de toute façon plus beaucoup d’avenir face au développement des infrastructures très haut débit en France, essentiellement en fibre optique, qui visent à couvrir l’ensemble du territoire d’ici 2022. Remis en février dernier à Bercy, le rapport de Paul Champsaur préconise une extinction progressive des réseaux téléphoniques en cuivre au profit de la fibre. Une fibre que chaque opérateur exploitera à son compte, qu’elle soit mutualisée ou non, ôtant ainsi à Orange le juteux marché de la boucle locale sur lequel l’opérateur était jusqu’à présent le seul exploitant.

Néanmoins, nombre de questions, d’ordre technique notamment, devront être résolues alors que certaines applications (téléalarme d’ascenseur, télésurveillance, monétique, machines à affranchir…) ne sont à ce jour pas transposées à la technologie optique. Plus de 2,2 millions de lignes cuivre supportent ainsi des services analogiques à caractères professionnels. Sans compter un nombre encore non négligeable de familles (des seniors principalement) qui n’adhèrent pas aux services haut débit Internet au profit de la bonne vieille ligne téléphonique d’hier. Il n’en reste pas moins que les jours du cuivre sont désormais comptés. D’ailleurs, pour la première fois de son histoire, le nombre de lignes ADSL (qui exploitent les liaisons cuivre) ont reculé au quatrième trimestre 2014. Un indéniable tournant.


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