Orange-Bouygues : Xavier Niel y croit plus que Stéphane Richard

Face aux analystes, Xavier Niel s’est montré confiant dans le succès de l’opération de rachat de Bouygues Telecom par Orange. Visiblement plus que Stéphane Richard.

Hier, jeudi, lors de la présentation des résultats 2015 d’Iliad, ses dirigeants Maxime Lombardini (direction générale) et Thomas Reynaud (finances) restaient prudents sur l’issue des discussions dans le dossier, complexe, du rachat de Bouygues Telecom par Orange. « Je ne me risquerai pas à faire un pronostic sur l’issue de l’opération comme ont pu le faire certains de nos concurrents », a notamment répété Thomas Reynaud. De son côté, Xavier Niel, absent de la conférence de presse, se serait montré beaucoup moins réservé auprès des analystes lors de la présentation à laquelle les journalistes n’étaient pas conviés.

Selon le témoignage d’un analyste dont La Tribune a recueilli les propos sous couvert d’anonymat, le patron d’Iliad se montrerait très confiant. « La probabilité que la fusion se fasse [est] très élevée », aurait déclaré Xavier Niel pour qui tous les acteurs y ont intérêt et pour qui « il n’y aurait aucun perdant ».

Chacun négocie son bout de gras

Les discussions entre Orange, Bouygues, SFR (Numericable-SFR) et Iliad (Free) seraient donc « suffisamment avancées » sur les principaux points de la transaction. Ce que confirmait Thomas Reynaud en parallèle : « des équilibres commencent à se dessiner, on tend vers un intérêt général », affirmait-il devant les journalistes. Et si les discussions tirent en longueur, c’est parce que « chacun négocie son bout de gras », selon l’expression de Xavier Niel, toujours rapportée par les analystes.

Les « bout de gras » en question se rapportent probablement aux actifs de Bouygues Telecom que Free considère comme non stratégiques, mais qu’il sera probablement poussé à récupérer pour l’équilibre du marché. A savoir les boutiques de Bouygues Telecom, voire une partie de ses clients mobile ou/et fixe. Thomas Reynaux confirmait qu’Iliad était surtout intéressé par les fréquences (800 MHz en priorité) et le réseau (pour accélérer la couverture du pays) et moins par le reste tout en voulant rester « pragmatique ». « Si vous regardez ce qui s’est passé ces 24 derniers mois, on a toujours trouvé des accords : on avait trouvé un accord avec les équipes de Bouygues lorsqu’ils ont tenté de racheter SFR, on a réussi à trouver un accord avec SFR lorsqu’ils ont tenté de racheter Bouygues. Nous sommes pragmatiques, s’il y a un intérêt industriel, on le regarde. »

Une première dans la consolidation

Xavier Niel semble donc, devant les analystes du moins, plus confiant que son homologue Stéphane Richard. En début de semaine, le PDG d’Orange évoquait les exigences d’Iliad (comme la prolongation de l’accord d’itinérance 3G) comme un des points bloquant les discussions. Et laissait entendre que sans accord avant la fin mars, l’opération serait annulée. Une nouvelle tentative de pression qui ne semble pas impressionner les dirigeants de Free. « On étudie sérieusement le dossier avec un angle avant tout opérationnel », insistait Thomas Reynaud qui laissait entendre de probables longues négociations à poursuivre. « Ce genre de discussions est complexe, je crois que ce serait une première. » Bref, si tout le monde a vraiment à gagner dans cette opération de consolidation, les discussions pourraient durer encore longtemps. Jusqu’à l’été ?


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