Orange devra revendre le réseau de fibres optiques de Jazztel

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La Commission européenne devrait imposer à Orange la revente du réseau fibre et la location à prix fixe de l’infrastructure ADSL de Jazztel pour valider son acquisition.

L’intégration de Jazztel par Orange ne se fera pas sans laisser quelques plumes. Selon El Pais, la Commission européenne va imposer des concessions à l’opérateur français qui avait lancé une offre publique d’achat (OPA) amicale en septembre dernier sur son homologue espagnol le valorisant alors à 3,4 milliards d’euros. Une opération qui devait mener Orange à la deuxième place du marché des télécoms en Espagne. Mais, craignant un déséquilibre du secteur, Bruxelles avait ouvert une enquête approfondie pour déterminer si le projet d’acquisition est conforme au règlement sur les concentrations.

Selon le quotidien espagnol, la Commission de la concurrence aurait décidé, dimanche 3 mai, d’obliger Orange à céder à un concurrent le réseau de fibres optiques qui dessert 700 000 foyers du pays. Ennuyeux pour Orange dont l’acquisition de Jazztel entre dans la stratégie de conquête du marché par le très haut débit et la convergence fixe-mobile. Orange devra également louer à un concurrent, à un tarif réglementé, le réseau ADSL de Jazztel. Une situation relativement similaire, donc, à ce qu’a connu Orange (France Télécom) avec l’ouverture de la boucle locale à la concurrence en France dans les années 2000. Aucune concession n’est apparemment demandée sur l’activité mobile. Un secteur d’autant plus stratégique que l’acquisition de Jazztel permettrait à Orange de se hisser à la troisième place, voire la deuxième, du marché mobile local avec plus de 13 millions de clients.

Deux acheteurs potentiels

Deux opérateurs locaux pourraient être intéressés par le dossier : Yoigo et Masmovil. Le premier, filiale de TeliaSonera, veut construire son propre réseau très haut débit fixe pour se hisser à la quatrième place du marché (jusqu’alors détenue par Jazztel). Le second est un opérateur local indépendant qui pourrait voir dans cette opération une opportunité de croissance. Orange aurait jusqu’au 25 juin pour clore le dossier. Bruxelles avait, de son côté, jusqu’au 30 avril pour conclure son enquête.

Le dossier Orange-Jazztel est le seul, à notre connaissance, à n’avoir pas été validé par Bruxelles lors de la Phase I comme ce fut le cas pour les concentrations dans le secteur des télécoms qui se sont déroulées en Europe ces derniers mois (Telefónica par Hutchison en Irlande, E-Plus/KPN par Telefónica et Kabel Deutschland par Vodafone en Allemagne, les câblo-opérateurs Virgin Media au Royaume-Uni et Ziggo aux Pays-Bas par Liberty Global ou encore, le 20 avril dernier, le rachat de Portugal Telecom par Altice signé en décembre 2014). Au-delà des 25 jours d’études de la Phase I initiée le 4 décembre, la Commission européenne avait approfondie son enquête en Phase II. « L’entité issue de la concentration ne se retrouverait certes pas dans une position dominante, mais la Commission craint que l’opération envisagée n’entraîne une diminution importante de la pression concurrentielle pour les services d’accès à l’internet fixe et les offres « multiple play » fixes et mobiles », justifiait Bruxelles, excluant, au passage, le régulateur local, la Comisión Nacional de la Competencia, de l’enquête.


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