Orange donne un coup d'accélérateur à sa stratégie M2M

Nouvelle entité commerciale, nouvelle génération de carte SIM renforcée, nouveaux marchés… Orange est sur le pont pour conquérir le marché naissant du « Machine to Machine » estimé à 5 milliards d’euros en 2012.

« Nous pensons que nous avons une bonne longueur d’avance. » Une avance sur le marché du Machine to Machine (M2M) que France Télécom compte bien conserver. Et pour cause, si le marché du M2M est encore discret en valeur (autour de 3 milliards d’euros tout de même aujourd’hui), il devrait quasiment doubler dans les prochaines années. Le cabinet IDC estime à près de 5 milliards d’euros le revenu mondial généré par le M2M pour 2012.

« L’évolution du M2M est aussi importante que l’arrivée du mobile il y a 20 ans », énonce Barbara Dalibard, directrice exécutive d’Orange Business Services (OBS), « notre façon de fonctionner dans notre vie sera transformée dans les 15 à 20 ans. » Rappelons que le M2M désigne les technologies, sans fil et filaires, permettant aux « machines » de communiquer directement entre elles et donc d’interagir. C’est, par exemple, le réfrigérateur qui « constate » l’absence de lait et passe automatiquement une commande au supermarché du quartier. C’est la voiture qui régule automatiquement sa vitesse en fonction de la zone qu’elle traverse ou encore le système de surveillance à domicile capable de communiquer avec des terminaux mobiles ou de réguler le chauffage ou encore de déclencher automatiquement l’arrosage du jardin selon les conditions hygrométriques… Des exemples un poil futuristes pour l’heure.

Plus concrètement, le M2M se développe aujourd’hui dans la gestion de flotte automobile, notamment pour lutter contre le vol des véhicules, ou encore la mesure à distance. Primagaz met en place une solution de mesure de ses citernes de gaz qui permet d’automatiser et optimiser les livraisons. L’entreprise prévoit ainsi d’économiser 80 000 km de déplacements sur route par an, soit 48 tonnes de CO2 économisés.

Dans le même genre, les solutions de relevé automatique et distant des compteurs d’eau et d’électricité est en cours de déploiement. Autre application, actuellement en test en Europe par la société américaine Sorin, l’intégration d’un système communiquant dans les défibrillateurs cardiaques et pacemaker afin de transférer, en temps réel, les informations sur l’état de santé du patient. Données qui, analysées, permettront au médecin d’ajuster un éventuel traitement, voire d’interagir à distante sur le pacemaker.

Un marché immense

Bref, les applications sont nombreuses (sans oublier qu’elles participent à la protection de l’environnement) et le marché immense. En 2008, Frost & Sullivan estimait à 13 milliards le nombre de machines ou d’appareils industriels en Europe potentiellement capables de communiquer. En 2012, 144 millions d’appareils seront connectés sur le continent européen, selon le cabinet Strategy Analytics.

C’est donc un secteur prometteur sur lequel Orange compte bien « être un des leaders mondiaux« , insiste Barbara Dalibard. Pour y parvenir, le groupe déploie une stratégie sur plusieurs fronts à travers des initiatives commerciales et technologiques.

Commerciale, d’abord, avec la création de l’International M2M Center (IMC). Basée à Bruxelles au sein de Mobistar, cette nouvelle entité sera dédiée aux déploiements commerciaux de services M2M et d’applications de communication « temps réel » pour les entreprises internationales. Point d’entrée unique pour les OEM/intégrateurs et grands comptes, l’IMC sera en mesure de gérer le déploiement de 10.000 à plusieurs centaines de milliers de cartes SIM M2M, annonce Orange.

Nouvelle génération de carte SIM M2M

Technologique d’autre part avec une carte SIM qui va évoluer vers une nouvelle génération plus résistante avec une longévité accrue. De 100 à 200.000 cycles de vie, la SIM M2M passera à 500.000 cycles. Soit une durée de vie de 10 ans, environ, dans le cadre d’une gestion de parc véhicules, estime Orange. La plage de température supportée passera de -20/+75°C à -40/+105°C et elle sera plus résistante aux vibrations, aux chocs, à l’humidité, à la corrosion et à l’accélération.

Cette nouvelle carte vise à répondre à l’ensemble des besoins liés aux nouveaux usages afin de mettre en œuvre une approche industrielle de déploiement tout en proposant du sur mesure en terme d’applications. Au cour du 2e semestre, OBS développera des outils web mieux adaptés à la gestion de ses applications.

Vers des standards internationaux

La mise en œuvre de standards, de fait, est également un point stratégique de développement pour Orange. Ces standards s’établiront, selon OBS, autour d’un écosystème de normes internationales : l’ETSI (programme interne et externe de recherche sur la standardisation des formats des cartes SIM M2M); Wavenis (accès radio plus adaptés aux besoins du marché des télécompteurs) et GS1 (Internet des objets, expertise télécom au service des échanges entre objets). Normes que l’opérateur suit de prêt à travers sa présence dans plus de 80 organisations de standardisation dans le monde.

OBS s’appuiera notamment sur ses réseaux mobiles dans 29 pays et un réseau fixe « sans couture » dans 220 pays pour déployer ses solutions M2M. Si l’industriel adressera dans un premier temps les grands comptes et entreprises internationales (marché B2B), il compte bien investir celui du résidentiel (B2C) à travers ses partenaires intégrateurs sur des solutions de type relevés à distance. Orange annonce des tarifs de l’ordre de 30 euros par mois par carte SIM dégressif à 10 euros par carte pour 10.000 machines. Avec, aujourd’hui, plus d’1 million de cartes SIM opérationnelles au service du M2M, Orange est prêt pour se développer sur ce marché prometteur et consolider sa longueur d’avance.