Ozone parie sur le Wi-Fi gratuit à Paris

Réseau pervasif, rôle des utilisateurs, création d’un ecosystème…, la start-up se postionne à milles lieues de la stratégie des opérateurs

Rafi Haladjian et sa start-up Ozone font figure d’exception dans le petit monde du Wi-Fi français. L’entreprise n’est pas un opérateur qui propose des forfaits payants à destination des internautes en quête de nomadisme. Sa logique est tout autre. Ozone a pour objectif de déployer un Wi-Fi pervasif et gratuit. Explications. Depuis quelques mois, les habitants du XIIIe arrondissement de Paris peuvent se connecter au réseau d’Ozone gratuitement, il suffit pour cela que leurs PC « accroche » le signal emis par la start-up qui elle même est relié au backbone de British Telecom lui aussi situé dans le XIIIe. L’homme et son entreprise sont-ils philanthropes? Loin de là. Ozone se place dans une démarche expérimentale qui va au-delà du simple accès sans fil à Internet. « L’Homme est entouré d’objets intelligents, communicants mais qui sont déconnectés les uns des autres. Il s’agit de relier l’ensemble de ces objets afin de créer un réseau pervasif basé sur le Wi-Fi »,, explique Rafi Haladjian. L’accès Internet via le Wi-Fi d’Ozone est donc une première étape qui se veut expérimentale. « Chacun devra construire son propre réseau pervasif. L’objectif est d’immerger l’utilisateur dans le réseau: le champ d’application est immense », ajoute-t-il. Mais pour l’instant, rien de ceci n’existe. Il s’agit de créer les usages et d’inciter les gens à créer ce fameux réseau pervasif. « J’ai crée cette entreprise pour répondre à cet élan et non pas pour offrir un simple service d’accès », précise-t-il. D’où la volonté d’offrir gratuitement, pour l’instant, l’accès Web à haut débit via Ozone. Une centaine d’habitants du quartier utiliseraient déjà Ozone. Et l’objectif est de déployer progressivement le réseau dans toute la capitale. Avec l’aide des utilisateurs. « Nous voulons nous affranchir des opérateurs et des choix politiques. Ce réseau n’appartient à personne, on attend que les utilisateurs s’interconnectent les uns aux autres. Il s’agit d’une construction collective où les usages hors accès simple au Web vont se développer ». Pourquoi avoir choisi le Wi-Fi, cette norme sans fil de plus en plus à la mode, pour ce projet? « Cette technologie est de loin la plus adaptée », explique le Pdg. « Il s’agit de pouvoir connecter n’importe quel objet, à partir d’une norme commune permettant le haut débit. Le Wi-Fi permet par ailleurs une liaison fluide et un déploiement peu coûteux ». Pervasif, collectif, gratuit… Rafi Haladjian rêve d’un monde en ligne où les utilisateurs ont la main sur les réseaux. Une sorte d’ecosystème qui créera l’Internet de demain où tous les objets dialogueront. Noble vision qui se situe très loin des contraintes économiques des opérateurs. Mais ces contraintes existent. Si Ozone est gratuit, l’entreprise paye bien la liaison à BT. Où est le modèle économique? « Il n’y en a pas », répond simplement Rafi Haladjian. En fait, Ozone se finance grâce au petit trésor obtenu suite à la vente en 2001 de Fluxus (créé par le patron d’Ozone) à… BT. Mais ce principe de la gratuité ne durera pas. « Nous créons les usages et attendons d’atteindre un seuil critique d’utilisateurs », prévient l’entrepreneur. Et d’ajouter: « Il faut que l’état d’esprit des utilisateurs change, ça prendra du temps de ne plus penser uniquement à l’Adsl. Mais nous sommes une entreprise, et quand ce sera le moment, nous développerons le business avec une offre qui tournera autour de 18 euros par mois pour un débit de 6Mb/s ». Néanmoins rien ne dit que les utilisateurs « prendront en main » le concept afin de créer ce réseau pervasif: « On met un pas dans le vide et on attend de voir la réaction des gens ». Iront-ils au delà du Wi-Fi à zero euros? Plus d’infos sur Ozone à cette adresse