P2P: Kazaa devra filtrer ou fermer

La Fédération internationale de l’industrie phonographique pose un ultimatum à la mythique plate-forme de peer-to-peer

La mise à mort des principales plates-formes de P2P se poursuit. Le choix est simple: soit ces plates-formes se détournent de l’illégalité en utilisant des filtres (c’est le cas d’iMesh ou de BitTorrent), soit c’est la fermeture pure et simple (comme Grokster ou eDonkey).

La Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) vient ainsi de poser un ultimatum à Kazaa, la mythique plate-forme d’échange. Le site devra mettre en place avant le 5 décembre des filtres empêchant le chargement de musique sous copyright, sous peine de devoir fermer, indique jeudi la Fédération. L’IFPI rapporte ainsi une décision de justice prononcée plus tôt dans la journée par un juge de Sidney, statuant sur l’appel formé par Sharman Networks, la société qui détient Kazaa, après le jugement du 5 septembre déclarant illégal ce site gratuit de partage de fichiers musicaux. Les filtres fonctionneront avec quelque 3.000 mots-clés choisis par les maisons de disques, et s’appliqueront à toutes les nouvelles versions de Kazaa à partir du 5 décembre. Les filtres pourront être réactualisés tous les quinze jours pour protéger les morceaux les plus récents. « C’est le dernier avertissement pour Kazaa », s’est réjoui dans un communiqué le président-directeur général de l’IFPI John Kennedy, estimant « qu’il est temps pour des sites comme Kazaa de bouger, de mettre des filtres, de devenir légaux ou de laisser la place à ceux qui essaient de construire une activité de musique numérique correctement et légalement ». Pour autant, ce type de mesure a ses limites. Les alternatives à Kazaa ou à eDonkey sont très nombreuses. Et elles ne sont pas (encore) soumises à des filtres. De plus, des millions d’utilisateurs ont installé ces logiciels d’échange sur leurs machines. Même si les éditeurs ferment leurs portes, les applications sont toujours actives. Enfin, des applications P2P plus pointues, anonymes, open-source et surtout non américaines se développent. « Je crains que les gagnants ne soient pas les labels et les studios, mais plutôt les développeurs de P2P étrangers, underground et malhonnêtes, qui auront juste perdu une douzaine de leurs plus gros concurrents », explique Sam Yagan, responsable de MetaMachines (eDonkey). Selon une étude du cabinet BigChampagne, près de 6,7 millions d’américains utilisaient des systèmes P2P en septembre contre 4,7 l’an passé (lire nos articles). Un chiffre pour le moins parlant et qui démontre que cette pratique a encore le vent en poupe malgré les efforts des industriels pour l’enrayer.