P2P: Verizon traîne la RIAA devant la justice!

Le FAI reproche à l’association des maisons de disque US d’utiliser des méthodes d’identification des internautes illégales

Retour de bâton. La redoutable et redoutée Recording Industry Association of America (RIAA) ne s’attendait sûrement pas à ça. Une semaine après avoir déposé près de 300 plaintes contre des internautes utilisateurs de Kazaa (avec une première amende pour une fillette de 12 ans…), l’Association est poursuivie par Verizon Communications, un des principaux FAI américain, qui juge ses méthodes illégales.

La RIAA a dû défendre devant un tribunal ses méthodes d’identification des internautes soupçonnés de piratage. Une méthode basée sur une loi de 1998, le Digital Millennium Copyright Act, qui impose aux fournisseurs d’accès Internet de livrer les noms des internautes soupçonnés d’utiliser leurs services pour pirater des contenus protégés par le droit d’auteur. Mais pour Verizon, qui a déjà refusé de communiquer les noms de ses abonnés téléchargeurs, cette loi ne couvre pas les réseaux d’échange gratuit de fichiers par Internet. Scandale « Plutôt que d’interpréter la loi pour l’étendre à des technologies spécifiques, il vaudrait mieux laisser le Congrès américain voter une nouvelle loi couvrant explicitement les réseaux « peer-to-peer » (P2P)« , a déclaré l’avocat de Verizon, Andrew McBride, devant le tribunal composé de trois juges professionnels. La RIAA doit commencer à regretter son initiative juridique et agressive qui a eu le don de scandaliser tout le monde: les médias (qui se sont émus de tant d’attention portée à une fillette!) et les internautes qui sont eux-mêmes les clients des majors. La piraterie n’explique seule pas la crise du disque

Ce constat -logique- a été formulé par les producteurs phonographiques français indépendants.

« La crise qui frappe le secteur du disque est avant tout celle du modèle économique que les majors ont imposé depuis l’avènement du CD, au début des années 80, et qui a formaté l’ensemble du secteur (distribution et médias). La concentration du marché du disque a non seulement marginalisé les producteurs indépendants mais elle a également conduit à banaliser fortement le CD en transformant en simple produit un support qui était magique à l’origine », explique l’Union des producteurs phonographiques français indépendants (UPFI). Pour l’Union, « la politique de rentabilité à court terme menée depuis 20 ans par les grandes maisons de disques, sous la pression de leurs actionnaires et de leurs dirigeants, a conduit à une industrialisation de la production phonographique qui obéit aux mécanismes inhérents à la concentration des moyens de production ». En clair, « La diversité musicale est mise à mal par le formatage des radios et la concentration des diffusions sur un nombre restreint de titres. La croissance des ventes de disques en volume est de plus en plus tributaire de la sortie de quelques albums phares », affirme encore l’UPFI. Conclusion, les majors ne peuvent s’en prendre qu’à elles mêmes.