PDA ou ‘smartphones’ : la vogue des hybrides

Qu’est-ce qui, hormis l’iPod d’Apple, s’est vendu à un million d’exemplaires en quelques mois? Le BlackBerry… Il représente, avec le Tréo de Handspring, cette génération d’hybrides « smartphone-PDA », qui permettent de recevoir ses e-mails

Un million d’exemplaires répandus sur une cinquantaine de réseaux d’opérateurs mobiles sur une trentaine de pays pour une machine qui coûte plus cher qu’un Palm Tungsten, ceci prouve qu’il ne s’agit pas d’une simple mode, mais bien d’un phénomène intéressant la communauté informatique.

De quoi s’agit-il au juste? C’est (presque) un mélange de téléphone portable ultra plat et de ‘game boy’ -avec un écran un peu plus grand et un clavier un peu plus petit. Il permet aussi bien de passer des coups de fil que de recevoir ou émettre ses e-mails. Par ailleurs, l’utilisateur peut téléphoner, envoyer des SMS, utiliser des services sur le Web ou des applications de son Intranet, voire surfer sur la Toile ou encore exploiter les nombreuses fonctionnalités de l’organiseur intégré dans ce terminal GPRS. Son principal impact marketing? Il a coupé l’herbe sous le pied aux offres de bureau mobile de la concurrence. Le BlackBerry est en effet le cheval de bataille de Vodaphone qui est en train de le déployer sur toute l’Europe. En France, SFR le propose dans son ‘pack’ mobilité. Ce « cassis » est toutefois à négocier avec précaution. Qu’on en juge plutôt : ce joujou, jalousé par l’opérateur historique, coûte la bagatelle de 690 euros à l’achat. Ce n’est pas tout: pour le synchroniser avec son serveur d’entreprise, il convient de rajouter un serveur de duplication de la messagerie (comptez au bas mot 15.000 euros) et un abonnement mensuel qui démarre à 45 euros. Cela faisait cher du courriel et était surtout réservé aux grands comptes. Cette formule est en effet plus particulièrement dédiée aux départements informatiques désirant une intégration avec Microsoft Exchange ou IBM Lotus Domino. Une nouvelle version pour PME Les choses ont bien évolué. RIM vient d’annoncer le lancement d’une nouvelle version, destinée aux PME. Elle devrait être disponible dans quelques semaines chez SFR. Baptisée BlackBerry Web Client, elle permet aux utilisateurs d’avoir accès à plusieurs comptes de messagerie électronique (aussi bien professionnels que personnels) ceux-ci étant accessibles depuis un terminal BlackBerry, sans avoir besoin de déployer en interne un serveur de duplication de messagerie. Ainsi, vous pourrez dorénavant consulter votre boîte aux lettres d’entreprise ainsi que vos e-mails sur Internet directement depuis votre appareil GPRS et cela pour un tout petit prix: l’abonnement mensuel est à la baisse (environ 30 euros par mois, selon nos renseignements). D’autre part, RIM a mis en place l’an passé un programme de licence baptisé BlackBerry Connect: il permet aux constructeurs de terminaux mobiles de connecter leurs produits sur les plates-formes serveur BlackBerry (aussi bien serveur entreprise que serveur Web). Ce programme supporte les systèmes d’exploitation Palm OS, Symbian et Windows Mobile. Parmi les convaincus on recensait jusqu’à présent HTC, Nokia, Sony Ericsson. Samsung vient de rejoindre ce peloton de tête et on sussurre que HP est en train d’examiner ce portage sur sa gamme iPaq. Bref, le BlackBerry semble être en passe de devenir le standard de fait de la messagerie mobile GPRS. Témoins à décharge Les entreprises qui l’ont adopté s’en déclarent satisfaites. Comme nous le signalaient dernièrement plusieurs dirigeants de grands et moyens comptes : «Il est certes très chic de sortir son BlackBerry pendant une réunion, mais c’est vraiment le moyen idéal pour rester en permanence en contact avec sa messagerie. D’autant qu’il ne s’agit pas ici de répondre en long en large et en travers à tous les mails, mais bien de les consulter et de trier le bon grain de l’ivraie en se débarrassant rapidement du spam ou des courriers sans importance tout en répondant brièvement aux missives vitales, celles qui demandent une prise de décision rapide, pièces à l’appui». À ce niveau, pas de problème: le BlackBerry emporte haut la main la palme d’autant qu’il est sécurisé (toutes les transmissions GPRS de ce pocket nouvelle vague sont cryptées en 3-DES). Qui plus est, l’engin est paramétrable à souhait et permet de filtrer les messages afin de n’être ‘bipé’ que par ses correspondants privilégiés. Certains envisagent même de se débarrasser de leur téléphone mobile et de leur ordinateur portable pour ne plus avoir en poche que le produit de RIM ou un terminal compatible. Car il y a tout à parier qu’après la vague compatible PC on voit apparaître une déferlante de compatibles BlackBerry. Joëlle & Michel Rousseau

Une nouvelle famille

Le BlackBerry s’inscrit dans une nouvelle famille de terminaux hybrides qui tente de s’insérer entre les PDA non-téléphones et les « smartphones » (Nokia, Samsung…). Parmi ces hybrides, figurent notamment le Treo (commercialisé par Orange et fabriqué par Handspring -racheté par PalmOne…) ou encore l’iPDA distribué par Bouygues.

Certains doutent du succès de ces modèles: ils sont « ni-ni »! Ni vraiment téléphones, ni vraiment PDA… A débattre! D’autant que les ventes de PDA chutent, tandis que celles des ‘smartphones’ explosent. Olivier Chicheportiche