Fleur Pellerin et Arnaud Montebourg : « remettre de l’ordre dans les télécoms »

Le gouvernement peut exiger des opérateurs mobiles des «  contreparties » en matière d’emploi pour l’attribution de fréquences et entend calmer la guerre des prix qui s’est enclenchée entre Free et ses concurrents, ont indiqué jeudi Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin. La ministre rejette pour le moment l’idée d’une consolidation dans les télécoms.

À l’occasion de la présentation de leurs vœux 2014, jeudi 16 janvier à Bercy, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et la ministre en charge de l’Économie numérique, Fleur Pellerin, ont assuré vouloir « remettre de l’ordre dans les télécoms ». Mais, ils excluent pour le moment une consolidation entre opérateurs (à lire : Télécoms : vers une consolidation des opérateurs en 2014 ?).

« Une consolidation serait synonyme de casse sociale  »

Il nous faut calmer « la guerre des prix qui s’est enclenchée », a déclaré Arnaud Montebourg. « Les opérateurs doivent être à la hauteur des investissements », a ajouté Fleur Pellerin, avant de se prononcer sur une éventuelle consolidation du secteur.

« Nous avons aujourd’hui un marché à quatre acteurs (nldr : Orange, SFR, Bouygues Telecom, Free), nous souhaitons qu’il fonctionne avec ces quatre acteurs dans des conditions qui soient favorables à l’investissement et à l’emploi », a précisé la ministre. « Une consolidation entre deux acteurs serait nécessairement synonyme d’un certain nombre de doublons. Qui dit doublons dit casse sociale et ce n’est pas une perspective qui enchanterait le gouvernement », a-t-elle ajouté. «  Pour l’instant, il n’en est pas question. »

Les ministres ont également réaffirmé soutenir le patriotisme économique et ses initiatives, tel que le contrat passé entre l’opérateur mobile SFR et l’équipementier en difficulté Alcatel-Lucent. Arnaud Montebourg, qui s’inquiète d’une éventuelle poursuite des accords d’itinérance entre Orange et Free, a souligné que Xavier Niel, le cofondateur d’Iliad, maison mère de Free, serait lui aussi prêt « à faire des efforts. »

Du « rebond » à la transformation numérique

Un autre combat de Bercy consiste à faire de la France « une start-up République », à soutenir la prise de risque, comme le droit à une seconde chance pour les entrepreneurs, a rappelé Fleur Pellerin. Et ce après avoir signé lundi une « charte du rebond », en partenariat avec un groupement associatif (60 000 Rebonds, Re-créer, Second Souffle, SOS Entrepreneur), l’ARF (Association des régions de France) et l’incubateur de SciencesPo.

Il s’agit, plus largement, d’accompagner la mutation numérique du pays. Pour ce faire, Bercy a annoncé ce jeudi confier à Philippe Lemoine, PDG de LaSer (Cofinoga) et président de la Fondation Internet nouvelle génération (Fing), une mission pour préparer la transformation numérique de l’économie française. Un rapport doit être présenté en juillet 2014.

1,8 million d’emplois en 5 ans

Revenant sur le pacte de responsabilité détaillé mardi par le président François Hollande, Arnaud Montebourg a estimé possible la création de près de 2 millions d’emplois en contrepartie de l’arrêt, d’ici 2017, des cotisations familiales pour les entreprises.

Pierre Gattaz, président du Medef, « demande 100 milliards de baisse de charges contre un million d’emplois en cinq ans. Nous pensons que ce n’est pas assez », a déclaré le ministre lors de ses vœux à la presse. « Pour ramener le taux de chômage à 7% d’ici 2018 (le niveau de l’Allemagne et des États-Unis aujourd’hui), il faudrait créer 1,8 million d’emplois au cours des cinq prochaines années », a-t-il expliqué. « Est-ce que nous pouvons, avec les propositions de baisse de charges faites par le président de la République, y arriver ? Nous le croyons. »

Le ministre du Redressement productif a ajouté que le gouvernement est aussi en droit de demander des contreparties « en matière d’emploi et d’investissements » aux opérateurs mobiles pour l’attribution et l’utilisation de fréquences hertziennes. « Chaque fois qu’on attribuera une fréquence, on demandera des comptes », a assuré Arnaud Montebourg. Les opérateurs français ont déjà déboursé 3,5 milliards d’euros en 2011 pour acquérir des licences 4G dans les bandes de fréquences 800 MHz et 2,6 GHz. Les fréquences sur la bande 700 MHz, jusqu’ici réservées à la télévision numérique terrestre (TNT), devraient être vendues prochainement.


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