PeopleSoft France se prépare à d’importants changements

La filiale française de l’éditeur ne veut pas entendre parler de l’OPA d’Oracle et préfère souligner ses bonnes performances tout en annonçant une nouvelle organisation interne

PeopleSoft France tient à garder la tête froide. Les événements actuels, l’OPA hostile de 7,7 milliards de dollars d’Oracle, ont beau jeter le trouble et détériorer aussi bien l’ambiance interne que les relations avec les clients, l’éditeur joue la carte de la sérénité.

Mis à part ce dossier embarrassant, le spécialiste des progiciels préfère souligner sa bonne santé financière, soutenue par un marché qui repart et se concentre sur une profonde réorganisation, point de départ d’une restructuration mondiale. En France, PeopleSoft va bien. Loin devant Oracle en parts de marché (mais loin derrière le leader SAP), le groupe affiche sur les neuf premiers mois de l’année une croissance de 14,5% des ventes de licences. « Un cas unique en France compte tenu de l’environnement ‘hostile’ et d’un marché encore difficile », souligne Christophe Letellier, patron de la filiale française et responsable de la zone Europe du sud. Sur la période, l’éditeur a gagné 66 nouvelles affaires, soit 19 nouveaux clients. Ces contrats sont une véritable bouffée d’oxygène puisque ils représentent 50% du chiffre d’affaires sur les trois premiers trimestres de l’année. D’un autre côté, cela montre qu’il est difficile de générer des revenus à partir de la base installée. Le marché bascule Par ailleurs, si le niveau d’activité redevient élevé, les cycles de vente sont de plus en plus longs: « La problématique est de convertir le taux d’activité en business. Il y a deux ans, le taux moyen de conversion était de 6 à 9 mois. Il est passé aujourd’hui de 13 à 15 mois avec de fortes disparités. Certains projets exigent parfois deux années à être convertis en contrat »,souligne Christophe Letellier. Mais pour PeopleSoft, le redémarrage est là et le marché se transforme. Les produits permettant le contrôle des dépenses et les finances représentent toujours le coeur de l’activité. Dans le même temps, les projets qui exigent des investissements à long terme: CRM, gestion des ressources humaines… repartent. « Le marché bascule », estime Christophe Letellier. Illustration de ce changement: le fort redressement du produit ‘Entreprise One’, destiné aux industries, anciennement exploité par JD Edwards, racheté par PeopleSoft (voir encadré). Seul point noir pour l’éditeur: les services. L’activité se replie de 5% sur les neuf premiers mois 2004. Pour inverser la tendance, PeopleSoft entend recruter et former 300 à 400 consultants pour arriver à un effectif de 2.000 personnes. Une ‘université PeopleSoft’ va même être ouverte afin de former et de certifier ces consultants. Il semble que le groupe souhaite creuser le marché de l’outsourcing. Débauchage chez SAP Pour autant, PeopleSoft estime se situer à un moment clé de son existence, un redemarrage de cycle qui exige « une nouvelle vision, une nouvelle organisation », selon Christophe Letellier. Et les changements à prévoir sont nombreux. L’éditeur va ainsi complètement revoir son organisation commerciale en la simplifiant. Les trois directeurs commerciaux s’en vont, volontairement ou pas… et seront remplacés par une seule personne. Karina Olsen a ainsi été débauchée de SAP (!) et deviendra directrice générale en charge des opérations commerciales (ventes, avant-ventes, alliances…) Par ailleurs, le groupe va désormais s’organiser par grandes industries. Une mini-révolution. Il s’agit de « mieux s’aligner avec les grands partenaires comme Unilog ». Cette réorganisation de la filiale française est le point de départ d’une évolution au niveau mondial. Autre changement culturel, la distribution. L’éditeur souhaite ainsi développer les ventes indirectes surtout pour le produit ‘Entreprise One’, destiné aux projets des industries. Le nom du distributeur n’a pas encore été choisi mais Christophe Letellier promet que « tout sera effectif en janvier 2005 ». Là encore, ce changement préfigure une évolution au niveau monde. Enfin, PeopleSoft entend préparer l’avenir. « Si nous sommes reconnus comme étant le leader technologique à l’instant T, au même moment, d’autres acteurs se positionnent sur l’étape suivante ». Un accord stratégique avec IBM a donc été signé. Big Blue s’occupera de la brique techno tandis que l’éditeur se concentrera sur la brique applicative. De quoi bien positionner PeopleSoft face à la concurrence. A moins qu’un ‘grand bouleversement’ sous forme de fusion hostile modifie toute ce beau programme. La fusion avec JDE est ‘digérée’

« La digestion de JD Edwards a été plus longue que prévu, elle aura bien pris un an alors que l’OPA était au départ amicale… », concède Christophe Letellier, patron de la filiale française et responsable de la zone Europe du sud. Histoire aussi de dire qu’une éventuelle fusion avec Oracle sera longue et pénible. Selon le groupe, les effectifs n’ont pratiquement pas bougé, il n’y a pas eu de plan social. Des recrutements ont été réalisés tandis que certaines personnes sont « volontairement » parties. JDE comptait environ 90 salariés avant la fusion, ils sont aujourd’hui environ 80. Du côté des lignes de produits, pas de changements non plus. Les deux gammes continueront à co-exister, il n’y aura pas de convergence qualifiée de « suicidaire » par l’éditeur. ). Les numéros des versions seront peut-être homogénéisés. ‘Entreprise One’, le produit phare de JDE est sujet de toutes les attentions: 18% d’investissements supplémentaires et son succès est grandissant (11 nouveaux clients). Conclusion, les clients sont « rassurés ». Les anciens clients de JDE « se reconnaissent dans PeopleSoft ». La preuve, l’éditeur a mené une étude qui montre que 80% des clients se disent satisfaits de leur relation avec PeopleSoft.