P.Hoffstetter, Yahoo! France: ‘La pub sur mobile va décoller’

Le directeur des produits et services de Yahoo! France revient sur le
partenariat entre Vodafone et Yahoo autour de la publicité sur les mobiles

Avec le développement de la consommation des contenus mobiles (vidéos, information, divertissement), se pose la question de l’insertion de publicités. Encore marginal, ce marché est théoriquement promis à un bel avenir si l’on se base sur la croissance exponentielle de la pub sur Internet. Les géants du Net l’ont bien compris: Google expérimente les liens sponsorisés affichés à partir de la version mobile du moteur tandis que Yahoo! et Vodafone viennent de signer un accord stratégique pour insérer de la pub dans les contenus.

Patrick Hoffstetter directeur des produits et services de Yahoo! France nous précise les tenants et les aboutissants de cet accord.

Quelles sont les modalités de l’accord entre Yahoo! et Vodafone ?

Yahoo! va devenir la régie publicitaire exclusive de Vodafone en Grande-Bretagne. Concrètement, il s’agit d’adapter les différents formats publicitaires aux contenus mobiles : qu’il s’agisse de liens sponsorisés, de bannières graphiques, de SMS, de MMS…

Un accord de ce type est indispensable pour que le marché décolle car les problèmes techniques sont très nombreux. Pour nous, la collaboration avec l’opérateur mobile est incontournable.

Les abonnés de Vodafone auront le choix de ne pas visualiser ces publicités. Ceux qui l’acceptent auront droit à différentes réductions de prix pour les contenus et services proposés par Vodafone. Nous fonctionnons avec une base opt-in qui favorise le ciblage de ces publicités.

Vous mettez donc en avant le ciblage pour séduire les annonceurs ?

Oui. Plus la publicité est ciblée, mieux elle est acceptée. La difficulté dans la publicité en ligne, c’est l’adéquation entre le ciblage et le message. En nous associant à un opérateur, les campagnes pourront être très ciblées, donc efficaces.

Néanmoins, selon une étude, un mobinaute ne reste que 19 secondes sur une page Web mobile. Par ailleurs, l’écran d’un téléphone est assez petit.

On peut alors douter de l’efficacité de la publicité sur ce support ?

Nous pensons au contraire que le ciblage évitera le problème de sous-consommation des contenus. C’est l’inverse qui va se passer.

Quel est le modèle économique de cet accord ? Etes-vous en négociations avec d’autres opérateurs ?

Nous ne pouvons pas donner les détails financiers mais nous sommes dans le principe du partage de revenus. Les discussions avec d’autres opérateurs sont en cours, notamment avec Orange.

Google est également sur le coup avec ses liens sponsorisés, que pensez-vous de leur initiative ?

L’offre de Google est moins pertinente car elle ne repose pas sur un accord avec un opérateur ce qui limitera sa portée. Mais la présence de tous les acteurs du net sur ce marché permettra à la pub sur mobile de décoller plus rapidement.

Justement, la pub mobile est encore très marginale. Quelles sont vos prévisions ?

Aujourd’hui, le marché est en effet embryonnaire et difficile à quantifier. Mais on estime que la croissance sera la même que celle observée avec la publicité sur Internet, soit des taux de croissance exponentiels. Mais avec trois ans de décalage. Le décollage devrait commencer à se produire l’année prochaine.

Le portage des services Web sur les mobiles est également stratégique pour les 3 géants du Net (Google, Microsoft et Yahoo), où en êtes-vous du déploiement de Yahoo Go Mobile ?

En effet, cet axe est stratégique pour nous. Nous multiplions les contrats avec les fabricants de mobiles (Nokia, Motorola, RIM) et les opérateurs pour intégrer nativement nos services (mail, IM…). En France, nous avons signé avec Bouygues Telecom et sommes en négociations avec SFR et les MVNO. De nouvelles annonces seront faites très bientôt.

Le trafic sur ces services mobiles répond-il à vos objectifs ?

Il est trop tôt pour le dire, il s’agit d’un trafic émergent. Comme pour la publicité, il faut encore attendre avant de faire un premier bilan. 2006 a été l’année des premiers accords et des premières implémentations. 2007 sera l’année du décollage.

Sur ce terrain, la concurrence est déjà forte et les opérateurs ne signent pas d’accords d’exclusivité. Y’aura-t-il de la place pour tous le monde ?

Il ne s’agit pas encore de prendre des parts de marché mais de créer le marché. La vraie question est : à quelle vitesse allons-nous atteindre un marché de masse ? La présence de tous les acteurs du Web est nécessaire pour confectionner le ‘gâteau’. On verra ensuite pour la distribution des parts, le marché se structurera naturellement.