Pour gérer vos consentements :
Categories: CyberguerreSécurité

Piratage de drones : la NSA et le GCHQ regardaient par l’œil d’Israël

Publié vendredi dans les colonnes de The Intercept, le récit des nouveaux exploits du GCHQ britannique et de la NSA américaine a de quoi rendre furieuses les autorités israéliennes. Sous le nom d’opération Anarchist, les services secrets britanniques, associés à leurs alliés de Fort Meade, sont en effet parvenus à intercepter les flux vidéos captés par les drones et les avions de chasse de l’État hébreu. Ce qui leur a permis de surveiller les opérations militaires à Gaza et les préparatifs de l’armée israélienne. Sans oublier les potentielles conséquences de ce hacking dans d’autres pays, Jérusalem étant le premier exportateur au monde de drones militaires.

Les documents analysés par nos confrères, et exfiltrés par Edward Snowden, montrent des captures d’écran des vidéos dérobées aux drones israéliens ainsi que des cartes retraçant le trajet des engins aériens. Pour capter ces flux, les deux agences ont installé des équipements d’interception au sommet d’une montagne à Chypre, appelée Troodos et au sommet de laquelle est implantée une installation de la Royal Air Force. Collectée en 2009 et 2010, des images exfiltrées par Edward Snowden semblent ainsi montrer l’usage par Israël de drones offensifs, portant des missiles, ce que Jérusalem a jusqu’à présent toujours nié. D’après The Intercept, la collecte des flux de données chiffrées a démarré dès 1998, NSA et GCHQ ciblant donc Israël, mais aussi les drones syriens et ceux du Hezbollah.

Le chiffrement cassé par un outil Open Source

Les drones communiquent avec le sol via satellite et ces communications sont connues pour être faciles à intercepter. Raison pour laquelle les concepteurs de drones comme les Israéliens IAI (Israel Aerospace Industries) ou Elbit Systems chiffrent ces échanges. Un document exfiltré par Edward Snowden montre comment le GCHQ et la NSA sont parvenus à contourner ce rempart. La méthode de chiffrement étant proche de celle utilisée pour protéger les télévisions sur abonnement, les analystes des deux services ont exploité un outil Open Source librement disponible sur Internet, AntiSky, permettant de les décoder. L’attaque permet de reconstruire l’image par force brute, sans connaître l’algorithme ni en exploiter une faiblesse éventuelle. Les images ainsi reconstituées restent imparfaites et nécessitent d’importantes capacités de calcul. « La puissance de calcul nécessaire pour faire apparaître en clair les images en temps quasi réel est considérable, est-il écrit dans le manuel de l’opération Anarchist. Mais il est possible de désentrelacer des trames individuelles pour déterminer le contenu des images sans trop d’efforts ».

Si les Etats-Unis restent un allié proche d’Israël – rappelons que les deux pays sont soupçonnés d’avoir collaboré pour pirater le programme nucléaire iranien via le malware Stuxnet -, Washington s’inquiète de la potentielle déstabilisation de la région que peut provoquer la politique de l’Etat hébreu. Le mois dernier, le Wall Street Journal expliquait que si le président Obama s’était engagé à arrêter d’espionner les dirigeants de pays amis, cette orientation ne concernait ni le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ni les autres dirigeants de l’Etat hébreu. Michael Hayden, ancien patron de la CIA et de la NSA, expliquait alors que les relations des Etats-Unis avec Israël, en matière de renseignement, étaient « le mélange d’intimité et de méfiance le plus explosif que nous connaissions ».

Le piratage de drones est également dans l’actualité suite à une attaque revendiquée par AnonSec contre la Nasa. Via un accès au réseau de l’organisation, le groupe de hackers dit être parvenu à récupérer quantité de données et même à modifier le plan de vol d’un drone Global Hawk, coûtant 222 millions de dollars. La Nasa aurait du reprendre la contrôle manuel de l’appareil pour éviter qu’il ne s’abime en mer, assure AnonSec qui a mis en ligne 250 Go de documents issus de son hack. La Nasa nie qu’un de ses drones ait été piraté par le groupe de hackers. Pour l’agence, les données mises en ligne seraient des informations déjà publiques.

A lire aussi :

Pour la NSA, le chiffrement est fondamental pour l’avenir

Backdoor et NSA : de lourds soupçons pèsent sur Juniper

Comment la NSA a (probablement) cassé le chiffrement par VPN

Photo : Jordan Tan / Shutterstock

Recent Posts

Meta Horizon OS sera-t-il le Windows ou l’Android de la VR ?

Sous la marque Horizon OS, Meta va ouvrir le système d'exploitation des casques Quest à…

11 heures ago

Treize ans après, fin de parcours pour Women Who Code

Après avoir essaimé dans 145 pays, la communauté de femmes de la tech Women Who…

17 heures ago

Broadcom : la grogne des fournisseurs et des utilisateurs converge

Les voix du CISPE et des associations d'utilisateurs s'accordent face à Broadcom et à ses…

18 heures ago

Numérique responsable : les choix de Paris 2024

Bonnes pratiques, indicateurs, prestataires... Aperçu de quelques arbitrages que le comité d'organisation de Paris 2024…

1 jour ago

Programme de transfert au Campus Cyber : point d’étape après un an

Le 31 mars 2023, le PTCC (Programme de transfert au Campus Cyber) était officiellement lancé.…

2 jours ago

Worldline fait évoluer sa gouvernance des IA génératives

Nicolas Gour, DSI du groupe Worldline, explique comment l’opérateur de paiement fait évoluer sa gouvernance…

2 jours ago