Le plan de l’EFF pour contrer les backdoors de la NSA

L’Electronic Frontier Foundation (EFF) dévoile son plan de bataille pour mettre un terme à la surveillance de masse pratiquée par l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) et révélée au monde il y a 18 mois par Edward Snowden. Il est peu probable que la France soit prête à s’engager.

La loi et la Constitution des États-Unis protègent les citoyens américains et les résidents permanents des écoutes massives de communications électroniques sans mandat, mais pas les autres populations. Des milliards d’individus seraient donc des « victimes potentielles de l’espionnage de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) » révélé dans les détails par Edward Snowden. Pour protéger « des innocents dans le monde entier », l’Electronic Frontier Foundation (EFF), organisation basée à San Francisco, Californie, dévoile un plan pluriannuel contre la surveillance de masse.

Contrer les backdoors de la NSA

L’EFF veut s’appuyer sur le collectif et l’expertise juridique pour contrer l’espionnage de masse mené par la NSA avec le soutien d’autres agences de renseignement dans le monde, dont la CGHQ britannique, et la complaisance d’industriels, parmi lesquels l’opérateur américain AT&T. Faire pression sur les entreprises technologiques pour qu’elles renforcent la protection de leurs systèmes contre les intrusions de la NSA via des backdoors, est une des mesures du plan avancé par l’EFF.

Réformer le décret exécutif n° 12333

Le décret exécutif n° 12333 a été adopté par feu Ronald Reagan en 1981 et modifié en 2008. Ce décret permet notamment aux services de renseignement américains de mener leurs opérations de surveillance à l’international sans aval du Congrès ni de la justice. Il constitue, avec le Patriot Act, l’un des textes fondateurs de la surveillance de masse « Made in NSA ». L’EFF demande donc au président des États-Unis, Barack Obama, d’annuler la portée du décret n° 12333 en signant un nouveau décret interdisant la surveillance de masse, et ce quelle que soit la nationalité des populations concernées. La fondation souhaite aussi que les pouvoirs étendus de la NSA soient encadrés par de nouvelles lois américaines.

Sensibiliser le public au chiffrement

L’organisation à but non lucratif souhaite également créer un mouvement mondial qui encourage le chiffrement côté utilisateur (l’EFF propose des ressources ici : Surveillance Self Defense). La fondation veut aussi soutenir la création d’outils de communication sécurisés plus faciles à utiliser pour tous. Elle prône, par ailleurs, l’élaboration de principes juridiques directeurs autour de la surveillance et de la vie privée. L’organisation table sur le soutien d’un réseau mondial de partenaires capables de réformer les pratiques de surveillance au niveau local. L’EFF souhaite, enfin, que la transparence des lois et des pratiques de surveillance deviennent la règle, et non l’exception.

L’équilibre entre sécurité renforcée et libertés civiles reste difficile à atteindre. La France, qui intensifie la lutte contre le cyberterrorisme après les attentats qui ont fait 17 morts à Paris début janvier, est aussi concernée.

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