Plan social chez SFR : la DSI pourrait perdre 30% de ses effectifs

La direction de SFR a commencé à présenter son plan de restructuration par métiers et services. Les syndicats regrettent un manque de visibilité sur les postes effectivement concernés.

Les salariés de SFR commencent à en savoir un peu plus sur le sort qui les attend. La direction du groupe leur a présenté hier un ensemble de documents portant sur la gestion prévisionnelle des emplois et de compétence (GPEC) sur les 36 prochains mois et que Silicon.fr a pu consulter. L’ensemble des départements de l’opérateur sont concernés. Mais les régions, les services clients, les fonctions supports (RH, direction financière, achats, logistique, etc. ) ainsi que les services Entreprise et la DSI seront particulièrement impactés.

L’objectif pour la direction est de simplifier les offres et services afin de rendre l’entreprise plus agile et plus compétitive dans un secteur des télécoms particulièrement concurrentiel. Il s’agit également d’installer la vision du groupe visant à faire converger télécoms et contenus. Un projet industriel qui passera par une restructuration salariale massive. Environ 5000 personnes devraient être concernées d’ici 2019 (dont un millier issu du pôle distribution qui aura quitté le groupe le 28 février 2017 au plus tard). Soit un tiers des 14 600 salariés du pôle opérateur de la filiale française d’Altice, la holding télécom détenue par Patrick Drahi.

Rationaliser la DSI

Le service client grand public sera le pôle le plus impacté. Entre 35% et 40% des 1300 personnes du service seront concernées par le plan de départ. Un taux à peine moins élevé (entre 30% et 35%) pour les 730 emplois de la direction financière et autant pour les 410 salariés du secrétariat général. Globalement, toutes les régions seront touchées.

Le pôle SI sera également sévèrement égratigné. A hauteur de 25% à 30% des 990 collaborateurs. Soit jusqu’à 300 personnes. Une politique de réduction des effectifs surprenante alors que la DSI a déjà été frappée par l’arrêt des services externalisés pour assurer la gestion des systèmes d’informations. Lesquels se sont, il est vrai, accumulés au fil des acquisitions historiques de l’opérateur. La direction veut aujourd’hui les simplifier. Lors de l’acquisition de SFR par Numericable en 2014, Patrick Drahi avait annoncé vouloir diviser par trois les coûts du SI de l’opérateur. Deux ans plus tard, « il y a toujours autant d’outils qu’avant mais la direction veut les rationaliser, nous explique Sana Iffach, déléguée syndicale Centrale CFE-CGC. c’est pourquoi il y a beaucoup d’emplois en baisse en prévision sur le SI. » Le regroupement privilégié de compétences sur un seul bassin d’emploi s’inscrit par ailleurs dans les principales évolutions intégrées à la GPEC. Des restructurations en régions sont donc à craindre au profit de Paris.

La question des externalisations en suspens

Les services B2B devraient aussi voir le volume de leurs 3 140 effectifs baisser, de 20 à 25%. Et le pôle réseau ne sera pas épargné non plus avec 10% à 15% des 2 210 salariés. Des questions demeurent néanmoins sur les externalisations. En particulier sur celles du pôle réseau. Environ 1300 postes pourraient être externalisés vers ERT Group, filiale de Parilis spécialisée dans la maintenance et le déploiement de réseau. Une externalisation qui pourrait se faire sur 18 à 24 mois.

Pour l’heure, les informations manquent encore de précision. Le document est présenté par familles de métiers et direction. Du coup, « les salariés ne savent pas nécessairement si leur emploi est concerné ou pas », estime Sana Iffach. Alors que nombre d’entre eux peuvent légitimement vouloir profiter du plan de départs volontaires signé avec la CFDT et l’Unsa dans le cadre de l’accord New Deal (et refusé par la CGT et la CFE-CGC).

Dialogue social rompu

Et le dialogue social ne s’améliore pas chez SFR. De source syndicale, les managers auraient commencé les réunions avec les salariés hier, lundi 14 novembre, avant que les partenaires sociaux aient obtenu les documents présentant le plan. Ce qui serait contraire aux règles sociales. « La direction aurait dû nous présenter ces documents le 22 septembre dernier [date initiale de présentation du plan de restructuration, NDLR], affirme Sana Iffach, elle est encore dans le délit d’entrave. » Les syndicats réfléchissent aujourd’hui à une nouvelle action pour protester contre ces méthodes. Jeudi dernier, le comité de groupe a été suspendu alors que la direction refusait de communiquer les documents sur les orientations stratégiques et ses impacts sociaux. Ce qui a poussé le CCE (Comité central d’entreprise) à intenter une action en référé… dont le délibéré a été fixé au 28 novembre.


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