Plus de la moitié des internautes se plient à la Hadopi

Si la peur du gendarme se montre efficace dans la lutte contre le téléchargement illégal, force est de constater que les habitudes de consommation n’ont pas forcément diminué.

L’entrée en application concrète de la loi dite «Hadopi» (deuxième version), avec l’envoi des premiers e-mails d’avertissement fin septembre, porterait-elle déjà ses fruits en matière de lutte contre le téléchargement illégal? Les résultats du sondage BVA-Avanquest pour La Tribune auraient tendance à le confirmer. Plus de la moitié (53 %) des internautes qui téléchargent régulièrement auraient cessé cette pratique depuis le vote de la loi Création et Internet au Parlement en octobre 2009.

Plus que les premiers avertissements, apparus trop tardivement pour pouvoir en mesurer la portée, c’est surtout la peur du gendarme qui joue son rôle. « Ce résultat souligne l’importance de la psychologie dans l’impact éventuel d’une législation et l’influence limitée des militants du téléchargement gratuit pour tous », analyse Bruno Vanryb, PDG d’Avanquest, cité par le quotidien économique.

Mais l’étude n’est pas forcément représentative de la réalité. Sur les 1003 personnes interrogées, seules 17 % reconnaissent avoir piraté. C’est peu par rapport à l’échantillon. Même si 48 % des 15-24 ans avouent leurs pratiques illicites, nombre de «pirates» ont probablement refuser de se dévoiler.

De plus, les internautes consomment des contenus illégalement distribués parfois sans le savoir. C’est le cas des plates-formes de partage de type Megaupload qui donne accès à des contenus protégés par le droit d’auteur dans un environnement web aux allures tout ce qu’il y a de plus légal. D’autant que les offres commerciales (pour télécharger dans de meilleures conditions) tendent à légitimer la légalité du site aux yeux des internautes les plus naïfs. Et ce d’autant que ce type de plate-forme n’entre pas (encore) dans les systèmes de surveillance mis en place par les sociétés de collecte automatique des adresses IP mandatées par les ayants droit, dont la nantaise TMG (Trident Media Guard).

Enfin, l’usage de la diffusion, toute aussi litigieuse, de films en streaming tend à se développer. Dans ce cas, l’internaute consomme du contenu illégalement sans même avoir à télécharger quoi que ce soit. L’institut Comscore estime que la fréquentation de Megavideo (l’offre streaming de Megaupload) s’élevait à 6 millions de visiteurs uniques en juillet 2010 en France. Soit 15 % des internautes ou 11 % des Français, souligne La Tribune. Une tendance qui montre comment les internautes adaptent leurs techniques pour échapper à la loi mais pas leurs habitudes de consommation, notamment gratuites, des contenus à caractères culturels.

En d’autres termes, si les intentions de télécharger illégalement des contenus protégés depuis les réseaux P2P (figurant désormais sous les projecteurs de la Hadopi) ont diminué, il restera à confirmer que la consommation effective des contenus en ligne sans autorisation a réellement baissé. A l’occasion de la présentation des résultats du marché du disque pour les 9 premiers mois 2010 le 16 novembre prochain, l’industrie du disque exposera probablement son avis sur la question.