Faut-il transformer les pôles de compétitivité en « usines » ?

Les pôles de compétitivité, dont le bilan reste mitigé, doivent désormais focaliser leur énergie sur l’industrialisation et devenir de véritables usines à produits d’avenir, ont souligné mardi les ministres Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin.

À la suite de la publication du rapport Gallois, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et sa ministre déléguée Fleur Pellerin ont précisé mardi 4 décembre à Bercy l’ambition assignée par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault aux pôles de compétitivité, lors de la 11e journée dédiée à ces clusters.

Depuis leur création nationale en 2004, les pôles rassemblent sur un territoire délimité des entreprises, des centres de recherche et des instituts de formation appelés à travailler sur une thématique clairement identifiée. L’objectif affiché consiste à soutenir l’innovation, la croissance et l’emploi… Qu’en est-il dans la pratique ?

Des pôles de compétitivité en panne de croissance

66 % des entreprises membres des 71 pôles de compétitivité français ont déclaré avoir créé des emplois et plus de 80 % en avoir maintenu. Toutefois, seul un tiers a indiqué avoir augmenté son chiffre d’affaires et amélioré sa capacité à exporter, d’après un rapport d’évaluation de la seconde phase d’activité des pôles (2009-2012) rendu public en juin dernier par le consortium Bearing Point-Erdyn-Technopolis ITD.

Bien que d’autres points faibles aient été identifiés, dont le manque de confiance entre membres des pôles, le faible suivi des projets de R&D ou encore une classification obsolète des pôles (à vocation mondiale ou régionale), le consortium préconise de reconduire l’initiative jusqu’en 2020.

Cercle de réflexion « indépendant », l’Institut de l’entreprise dresse lui aussi un bilan mitigé des clusters et présente, dans un document d’orientation politique publié hier, trois propositions visant à améliorer le dispositif, à savoir :

  • La réduction du nombre actuel des pôles (pas plus d’une quinzaine) orientés sur « les secteurs les plus prometteurs » ;
  • le renforcement de la capacité des clusters à accompagner les innovations et leur commercialisation ;
  • davantage d’implication des grandes entreprises « à même de renforcer la productivité de l’ensemble de leurs partenaires ».

L’heure est à l’industrialisation

À Bercy, la communication prend des accents velléitaires. Les pôles de compétitivité doivent désormais focaliser « leur énergie sur les retombées économiques, l’industrialisation et la diffusion des innovations dans les produits et services », ont souligné les ministres par voie de communiqué.

Les régions seront « fortement impliquées » dans la gouvernance de cette politique, les formateurs et les chercheurs seront « mieux associés » et le lien entre pôles et filières industrielles stratégiques sera renforcé lors de cette nouvelle phase (2013-2016).

Pour Arnaud Montebourg, « les pôles doivent s’organiser pour mieux convertir leurs projets de R&D en programmes industriels et devenir ainsi de véritables usines à produits d’avenir ». Fleur Pellerin, de son côté, a souligné que les efforts d’accompagnement des PME (financements, soutien à l’exportation) doivent être accentués… Vœux pieux ?

Ces quatre dernières années, 3748 projets ont été labellisés par les pôles de compétitivité, 977 brevets ont été déposés et 93 start-ups créées, mobilisant un investissement de 5,7 milliards d’euros, dont 2,7 milliards de financements publics.

Or, les pôles n’ont représenté sur la période que : 1,5 % des brevets français, 4,5 % des dépenses nationales de R&D et 5 % des créations d’entreprises innovantes…

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