Pots-de-vin: Alcatel dans la tourmente au Costa-Rica

Les premiers éléments de l’enquête confirment les soupçons de corruption d’agent public étranger

Les affaires de corruption se multiplient ces temps-ci. Après le dossier Intel vs. AMD et Infineon en Allemagne (voir nos articles), c’est au tour du géant Alcatel d’être dans l’oeil du cyclone.

Selon le Figaro, Evelyne Picard, juge d’instruction au pôle financier parisien enquête depuis plusieurs mois sur une vaste affaire de pots-de-vin d’Alcatel au Costa Rica. Auditions et interrogatoires ont débouché sur une série de commissions rogatoires qui permettront au juge de se rendre sur place. Le rapport du procureur de la République est très clair: les premiers éléments de l’enquête « ont confirmé les soupçons de corruption d’agent public étranger avec des fonds tirés de la trésorerie d’Alcatel CIT ». Qu’en est-il exactement? L’affaire concerne trois marchés de plusieurs millions de dollars passés en 2001 et 2002 par l’équipementier français avec la société d’Etat costaricaine ICE qui détient le monopole sur l’électricité et les télécoms. Il s’agissait de fournir des commutateurs et des lignes de téléphonie mobile. Or, selon l’enquête, pour remporter ces contrats, Alcatel aurait eu recours à des consultants qui auraient indûment versé des pots-de-vin à de nombreuses personnalités du pays. Le groupe français aurait même « rincer » de manière occulte l’ancien président du pays, Miguel Angel Rodriguez. Dans le même temps, Christian Sapsizian, directeur de la filiale Amérique Latine depuis 1991 aurait touché frauduleusement 380.000 dollars. L’homme, ainsi que le patron d’Alcatel Costa-Rica viennent d’ailleurs d’être licenciés… Alcatel, gêné par cette affaire, a porté plainte et rappelle dans un communiqué interne cité par le quotidien que si l’entreprise est aidée par des consultants, « les contrats interdisent toute pratique contraire aux lois ». Une défense un peu molle… Pourtant, le dossier pourrait très vite remonter vers les plus hautes sphères de l’équipementier puisque Christian Sapsizian a déclaré que les dirigeants connaissaient ces pratiques « habituelles et incontournables ». Même tonalité de la part de Marc Rouanne, dg d’Alcatel CIT qui affirme que les contrats passés avec les consultants avaient « donné lieu à une approbation de la maison mère ». Bref, ça sent le roussi pour le géant français. D’autant plus que l’enquête pourrait très vite s’élargir à d’autres pays d’Amérique Latine.