Première puce DVB-H: la TV mobile prend forme

L’entreprise française DibCom présente la première puce DVB-H non propriétaire qui permet de recevoir la TV en hertzien sur les terminaux mobiles. Décollage du marché attendu en 2006

Recevoir des programmes de Tv, en direct, sur un terminal mobile est un vieux rêve qui commence à devenir réalité. Ce service constitue un enjeu plus que majeur pour les industriels et les éditeurs qu’ils soient issus du monde de la téléphonie ou de la télévision. Il devrait permettre de générer de colossaux revenus, la télévision étant, à tort ou à raison, le loisir numéro un des consommateurs.

La télévision mobile n’existe pour l’heure que sous forme de ‘streaming’ (diffusion en continu) ou de vidéo à la demande sur les terminaux de nouvelle génération. Tout l’enjeu est de transformer l’appareil en récepteur de télévision. La TV sur mobile ne dépend pas de la capacité des réseaux. Inutile d’avoir accès au GPRS ou à l’UMTS pour supporter ce nouveau service. La diffusion se fait tout simplement par les voies hertziennes, comme la bonne vieille TV du salon. La réception de programmes est possible grâce à l’ajout d’une puce ou d’un module DVB-H au terminal. Sur ce terrain, les géants se positionnent. Nokia a présenté le 7710 un nouveau modèle doté d’un module DVB-H propriétaire qui sert de test pour proposer des émissions de TV. Mais le marché prend aujourd’hui une nouvelle dimension avec le lancement d’un puce non propriétaire destiné aux fabricants de combinés. Cette puce a été développée par le français DibCom qui officialisera son lancement lors du prochain salon 3GSM de Cannes le 14 février. Ce circuit intégré (une première mondiale selon DibCom) est capable de démoduler les siganux DVB-H et DVB-T (utilisé dans l’industrie automobile pour recevoir la TV en roulant). Le développement de la puce a été réalisé en étroite relation avec les fabricants de combinés qui ont listé leurs besoins. « la demande la plus importante concernait la consommation », explique Yannick Lévy, p-dg de DibCom. « Notre puce, troisième génération de circuit de transmission, a une consommation très faible, de l’ordre de 20 mW grâce à l’optimisation du signal. Ainsi, ce circuit ne pénalise pas la durée de vie de la batterie, un écran rétro-éclairé consomme par exemple plus que le module DVB-H ». Testée, la puce est aujourd’hui opérationnelle. Reste à convaincre les fabricants de mobiles, premiers clients de DibCom. Si aucun nom n’est encore dévoilé, Yannick Lévy concède que les choses avancent vite, « pas mal de fabricants nous consultent ». Surcoût de 20 dollars « Pour le moment, nous travaillons à démontrer l’efficacité de la technologie. Dans un deuxième temps, nous allons travailler à l’intégration de la puce dans la gestion des services applicatifs. Le but est de faire converger plusieurs services: regarder un clip en direct et acheter le disque par exemple », explique le p-dg. Pour les fabricants de combinés, le surcoût de cette puce sera environ de 20 dollars par unité pour un mobile de dernière génération. Un surcoût appelé à baisser en fonction du décollage de la production. Pour autant, la TV sur mobile ne sera pas une réalité cette année. « Commercialement, l’objectif est 2006. Cette année sera celle des tests », explique Yannick Lévy. Mais cette technologie pourrait être intégrée plus vite que prévu au sein de terminaux vidéos portables, marché adressé également par DibCom. « Mobiles et terminaux vont se développer en parallèle », estime le p-dg de DibCom. En France, la TV sur téléphone mobile fait partie du programme du gouvernement. « Avec d’une part un écran pratiquement toujours disponible dans la poche d’un nombre croissant d’utilisateurs et d’autre part une habitude prise de payer pour accéder à un contenu ciblé, l’arrivée de services vidéo mobiles s’annonce comme un marché particulièrement prometteur », explique Patrick Devedjian, ministre délégué à l’Industrie, en lançant un forum à Bercy. Ainsi, une cinquantaine d’opérateurs, d’industriels et d’organisations professionnelles ont signé un engagement commun en vue de développer la télévision mobile en France avec la mise en place, avant fin 2005, d’une expérimentation de longue durée. Qui va réguler? Une implication positive selon Yannick Lévy. « Les choses sont sur la bonne voie avec l’implication du gouvernement et des acteurs du marché. Mais il faudrait aller plus vite du côté de la régulation ». En effet, qui aura en charge le contrôle: l’ART, le régulateur des télécoms ou le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel)? « C’est au CSA de réguler mais sa position défensive retarde un peu les choses », souligne Yannick Lévy. Mais quoi qu’il arrive, la télévision sur mobile deviendra certainement une véritable ‘killer-application’. Selon une étude du cabinet A.T. Kearney, ce service deviendra l’application la plus populaire après la voix et les messages (SMS et MMS). Pour Andrew Cole, vice-président du cabinet, les consommateurs américains seraient prêts à dépenser 30 milliards de dollars par an pour ce service. Par ailleurs, une étude menée en Allemagne par Nokia, premier fabricant mondial de mobiles et par Vodafone, premier opérateur mondial de téléphonie mobile, montre que 80% des consommateurs attendent ce service et sont prêts à dépenser 12 euros par mois pour y accéder!