Premières frictions entre SFR et Numericable

Alors que le dossier SFR-Numericable est étudié par l’Autorité de la concurrence, SFR aurait freiné ses discussions avec Netflix pour ne pas gêner son futur propriétaire.

Les premières tensions seraient apparues entre SFR et son futur propriétaire Numericable. Le groupe détenu par Altice (le fonds de Patrick Drahi et principal actionnaire du câblo-opérateur) verrait d’un mauvais œil les discussions amorcées entre SFR et Netflix, une offre de vidéo à la demande qui vient directement concurrencer celle de Numericable, LaBox Series. Lequel est le principal concurrent de Canal+ dans la télévision payante. Or, la chaîne cryptée est détenue par Vivendi qui conservera 20% de la future entité SFR-Numericable. Selon Le Figaro, Vivendi aurait fait pression sur SFR pour bloquer les négociations avec le service de VOD américain.

Le poids de la concurrence

Ces frictions émergent dans le cadre de l’étude du dossier de la fusion des deux opérateurs par l’Autorité de la concurrence. Celle-ci devrait entendre les protagonistes le 8 octobre prochain avant de rendre son avis à la fin de ce même mois. L’opération de rachat pourrait être bouclée avant la fin novembre. L’Autorité présidée par Bruno Lasserre pourrait ainsi voir d’un œil critique les interventions de Vivendi dans la stratégie audiovisuelles du futur SFR-Numericable.

Autres points rugueux du dossier sur lequel le collège devrrait se pencher : la position dominante du futur opérateur à la Réunion et Mayotte d’une part; et la question de la mutualisation des réseaux mobiles dans les zones blanches signée entre SFR et Bouygues Telecom d’autre part. Laquelle a pour objet de leur faire économiser entre 100 millions (pour Bouygues) et jusqu’à 300 millions d’euros (pour SFR) par an.

Une mutualisation pesante

Un accord signé avant l’opération de rachat. L’Autorité s’attachera à vérifier qu’il ne crée pas une distorsion de concurrence vis-à-vis d’Orange et Free, notamment en regard de la couverture 4G quasi nationale (70% de la population environ) que Bouygues Telecom opère aujourd’hui grâce à sa licence LTE sur le réseau national des 1800 MHz tiré de la 2G. Un risque avancé par l’Arcep. Et comme le collège de la Concurrence prend avis sur le gendarme des télécoms dans ce dossier, l’accord pourrait être amené à recevoir des aménagements.

Quant à la question de la position dominante de SFR-Numericable en outre-mer, elle se posera inévitablement. Sous l’effet des parts d’origine de SFR, et celles d’Outremer Telecom désormais détenu par Altice, le fond de Patrick Drahi pourrait disposer de plus des deux-tiers du marché des deux iles de l’océan indien. L’Autorité de la concurrence avait précédemment condamné SFR pour des pratiques anti-concurrentielles et d’abus de position dominante. Un passif qui risque de ne pas jouer en faveur du dossier en cours.

Enfin, l’Autorité pourrait également se pencher sur le réseau fixe très haut débit déployé par Numéricable qui, avec 5 millions de prises environ, dépasse de loin les accès fibres déployés par les opérateurs. Le câblo devra-t-il ouvrir son réseau à la concurrence ?


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