Présidentielles 2007 : le couac du vote électronique

Quand la technologie s’invite aux élections, ce n’est pas franchement la
panacée

Pour ce premier tour des présidentielles, presque tous les médias se sont fait l’écho des difficultés rencontrées par les personnes âgées et les handicapés pour voter sur les machines électroniques…

Et ce n’est pas la seule doléance des votants, ces derniers estiment que les machines ne sont pas sécurisées et elles reprochent aux municipalités de ne pas avoir procédé à une consultation auprès des électeurs.

Sur LCI, une veille dame explique « les ingénieurs disent que ces systèmes ne sont pas fiables, je ne comprends pas pourquoi nous avons remplacé le bon vieux bulletin papier ». Une deuxième personne plus jeune indique,  » Avec le bulletin classique on sait que notre voix est prise en compte, on peut le constater de nos yeux et le décompte manuel est une sécurité de plus. »

Hier, les retards se sont succédés, et de nombreuses plaintes ont été déposées, les queues se sont allongées devant les bureaux de vote. Certains électeurs ont attendu pendant plus d’une heure avant de voter.

Dans le journal Liberation, l’on explique :« à 20H15 une centaine de personnes patientaient depuis trois heures pour pouvoir voter dans leur bureau du Perreux -sur-Marne. » Curieusement les résultats quasi définitifs ont été dévoilés à 20h…

Plus grave, le quotidien, rapporte que le conseiller régional MRC d’Ile-de-France, Daniel Guerin a annoncé hier avoir saisi le Conseil constitutionnel pour des dysfonctionnements du scrutin lés à ces machines à Villeneuve-le-Roi.

Un dossier très intéressant a d’ailleurs été publié dans la revue Sciences et Avenir du mois d’avril. Dans ses colonnes, le magazine souligne que le piratage de ces machines a été démontré à plusieurs reprises notamment sur le modèle du groupe Nedap, une société hollandaise dont les machines ont été utilisées hier.

Selon le mensuel, « un informaticien de bon niveau peut, sans trop de difficultés, modifier le programme de cette machine de façon à ce qu’il donne des résultats définis à l’avance, quels que soient les votes exprimés. Les trois autres machines homologuées en France ne seraient pas plus fiables. »

Sciences et Avenir estime aussi que les précautions indispensables contre le piratage ne sont pas toujours prises par les municipalités. Dans deux mairies où le journal a enquêté, des techniciens venaient de passer pour faire des modifications sur les machines. Interrogée sur l’intervention, la personne responsable des élections de la mairie A n’était pas en mesure d’expliquer ce qui avait été fait (par le technicien) : « Nous l’avons laissé dans une pièce avec les machines pour qu’il fasse son travail ».

Conclusion du journal, il faudrait garder une trace papier pour pouvoir, en cas de contestation, vérifier le vote électronique. Ce qui n’est pas prévu pour l’instant.

Cette année pas moins d’un million et demi d’électeurs ont voté sur les machines électroniques. 82 communes sont équipées. Parmi celles-ci: Amiens, Nice, Cannes, Bourges, Le Havre, Le Mans, Orange, Brest, Reims, Mulhouse, Boulogne-Billancourt, Lorient, Issy-les-Moulineaux…

Condition posée par le ministère de l’Intérieur : les villes concernées doivent compter plus de 3.500 habitants.