Présidentielles américaines, le couac des machines à voter ?

Au centre de la polémique en 2000, les machines à voter sont autant d’interrogations sur leur capacité à comptabiliser les votes. Depuis deux ans certains Etats américains doutent de leur fiabilité

Le D-Day ! Cette nuit sera une des plus importantes pour les 153 millions d’Américains

inscrits sur les listes électorales. Ils sont en effet appelés à élire leur 44ème Président. Pour cela ils vont devoir passer par les urnes. Pour ce qui est de l’isoloir force est de constater que nos amis d’Outre-Atlantique ne font pas tout à fait comme nous.

Pour être didactique, l’Oncle Sam développe cinq méthodes de vote. 4 formules papier et une seule électronique. Passons donc sur l’historique machine à levier (l’électeur manie le lever de son choix). Les bulletins à poinçonner ou cartes perforées qui peu à peu sont remplacées car hors d’âge. Elles étaient d’ailleurs vivement critiquées lors de l’élection de Georges W. Bush en 2000 en Floride. Enfin, les bulletins papier ou en étant un poil chauvin nous appelleront la « méthode française », une technique confidentielle puisqu’elle ne concerne que 0,2 % des votants.

Le système dit de « lecture optique » ou le coloriage de cases est à mi-chemin du système électronique et papier puisque si chacun noircit la case de son choix, les bulletins sont ensuite numérisés pour que le suffrage soit comptabilisé électroniquement.

Enfin la méthode purement électronique est celle de la machine à voter avec écran tactile sur laquelle il faut simplement appuyer sur le nom du candidat choisi.

De loin, celle qui pose le plus d’inquiétudes est celle de la lecture optique. Déjà l’Etat de Floride a annoncé s’être doté de 1.650 machines pour un coût de 6.500 dollars l’unité. Côté technique, la machine ressemble à un scanner qui timbre le bulletin de vote puis le fait tomber dans une urne. Ainsi les autorités locales peuvent justifier d’un double contrôle en cas de recomptage.

Ce sont ces mêmes machines « optiques » qui furent aussi le centre d’interrogations d’un comté du Michigan (près de Detroit) voilà quelques semaines. Le comté d’Oakland, un des plus riches de l’Etat a vu ses machines rater un test de fiabilité, à quelques semaines des élections. Lors des tests, le 24 octobre, les appareils du constructeur Election Systems and Software ont alors obtenu des résultats différents pour des mêmes bulletins. Le site wired.com relate ces mésaventures électorales en expliquant que la lettre ciblant ce problème a été rendue publique seulement ce lundi…

Dans une missive, un scrutateur du Comté témoigne donc de son inquiétude concernant les machines M-100S du constructeur utilisées dans l’Etat. Il demande à la Commission d’assistance aux élections sorte de centralisateur des défauts ou irrégularités constatées durant les votes de dépêcher des audits de manière aléatoire sur tous les bureaux utilisant ces machines afin d’en prouver leur fiabilité. Cette instance fut, au passage, créée par le HAVA (Help America Vote Act), grande loi régissant les élections fédérales votée en 2002.

De nombreuses irrégularités auraient alors été relevées un peu partout dans le pays. Newsweekrelève dans une tribune d’Alexander Keyssar, professeur d’histoire à la Harvard’s Kennedy School que quatre États, dont la Virginie

occidentale et le Missouri, ont vu leurs machines à écrans tactiles « transformer » les votes d’un candidat sur l’autre. D’autres ont tout simplement cessé de fonctionner pour différentes raisons, dont des connexions Internet défectueuses.

Une crédibilité mise à mal qui pourrait nuire au delà du Michigan et des autres comtés qui ont témoigné de ces irrégularités puisque les machines optiques représentent la moitié des votes sur le territoire.