Procès Worldcom : le financier enfonce son ex-patron

L’ancien?directeur financier, Scott Sullivan, use de tous les moyens pour impliquer son ancien employeur, Bernard Ebbers dans la fraude record évaluée à 11 milliards de dollars

« Le témoin vedette » comme le présentait les médias US ne déçoit pas. Scott Sullivan, ex-directeur financier de WorldCom devenu MCI, qui a déjà plaidé coupable de fraude, espère bien obtenir une réduction de peine, et pour cela, il déballe son sac. « Bernie avait une connaissance de ce qui se passait bien supérieure à celle de nombreux financiers » a-t-il assuré aux juges. Depuis deux jours, force est de constater que le tribunal de New York, voit l’affaire Worldcom prendre un nouveau tournant. Deux semaines après le début du procès star de Wall Street, le témoignage de Sullivan apporte un éclairage sur les responsabilités de cette fraude vertigineuse. Bernard Ebbers est accusé par l’Etat fédéral d’avoir orchestré les manipulations financières à hauteur de 11 milliards de dollars qui ont mené à la faillite de Worldcom en juillet 2002. Jusque là, les avocats de l’accusé avaient présenté leur client comme un « visionnaire » qui se préoccupait davantage de la stratégie de l’entreprise que des comptes. Or, c’est un tout autre visage qu’a dressé Sullivan de son patron aux allures de cow-boy texan, en expliquant comment il avait lui-même « ajusté » les comptes entre 2000 et 2002, en pleine crise du secteur des télécommunications. Cette modification, le financier prétend l’avoir réalisé avec l’accord de Ebbers et d’autres dirigeants: « nous discutions des ajustements avec David Myers (ancien contrôleur de gestion) il y avait des calculs destinés à réduire les dépenses » ajoute-t-il. Il s’agissait simplement d’augmenter les recettes et de diminuer les dépenses, pour ne pas faire baisser les cours des actions en Bourse et de ne pas éveiller les doutes des analystes. « J’avais une énorme pression et son origine c’était Bernie » a encore déclaré Sullivan. Puis, Sullivan a évoqué le comportement de son patron, qui s’inquiétait du comportement de certains employés qu’il considérait comme des voleurs. Il évoque, ce grippe?sou proche de son argent, surveillant la moindre dépense. Et voilà que les avocats de Ebbers pour le décrédibiliser aux yeux des jurés lui font avouer avoir pris de la cocaïne et déballe des affaires de supposées liaisons extra-maritales. Espérons, qu’avec le regain idéologique conservateur et puritain qui déferle aux Etats-Unis, les jurés de ce procès hors-norme, sauront encore distinguer qui de Ebbers ou Sullivan est  » le mauvais petit canard ».