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Les processeurs russes se multiplient : Baikal-T1 et Elbrus-4C

La souveraineté technologique est un élément clé des États, actuellement très dépendants des produits made in USA. La Russie renouvelle aujourd’hui son arsenal de ‘processeurs locaux’.

Dernière annonce en date, le Baikal-T1, un composant dédié aux télécommunications, au réseau (routeurs, passerelles…), à l’industrie (automatisation) et à l’embarqué. Cette puce intègre deux cœurs MIPS 32 bits Warrior P5600 cadencés à 1,2 GHz, épaulés par une unité SIMD et des fonctions avancées de sécurité et de virtualisation.

Un jeu complet de périphériques est intégré à ce SoC : une sortie Ethernet à 10 Gb/s, deux contrôleurs Ethernet Gigabit, du Sata 3 et de l’USB 2.0. La mémoire sera de la classique DDR3. Enfin, le support du PCI Express 3.0 est de la partie. Le Baikal-T1 est donc un produit suffisamment générique pour s’adapter à un large spectre d’applications. Chose d’autant plus vraie qu’il ne consomme que 5 W, grâce à une gravure en 28 nm.

Baikal-T1

Quid des Baikal ARM ?

C’est encore une fois une victoire pour Imagination Technologies, qui coupe ici l’herbe sous le pied à son concurrent ARM. Les cœurs ARM 64 bits restent toutefois toujours pressentis pour les Baikal-M, qui devraient apporter plus de performances.

Reste que l’offre MIPS P5600 gagne du terrain sur l’entrée de gamme, grâce à une combinaison performances-fonctionnalités-consommation plutôt avantageuse. Ceci lui vaut par exemple d’avoir été choisie par Samsung pour la version de base de ses modules dédiés au monde de l’Internet des Objets. Voir à ce propos notre article « Artik : Samsung met du MIPS dans l’Internet des Objets ».

Elbrus ARM-401

Rien n’indique toutefois que cette approche MIPS32+ARM64 deviendra le standard pour la conception de gammes de processeurs spécialisés. Rappelons en effet qu’Imagination Technologies dispose aussi de cœurs 64 bits… et qu’ARM demeure très compétitif sur les offres 32 bits. Affaire à suivre donc.

Elbrus sur les serveurs

La Russie ne compte pas seulement sur des architectures processeur européennes pour mettre au point ses processeurs. À l’instar de la famille Itanium d’Intel, la gamme Elbrus du MCST joue la carte de l’approche VLIW (Very Long Instruction Word) afin de proposer une offre dédiée aux mondes des serveurs et mainframes, avec comme principaux clients des acteurs stratégiques, comme la Défense. Le cœur Elbrus 2000 apporte même une compatibilité x86 via un système intégré de traduction de code à la volée.

Récemment, la société a débuté la commercialisation de PC pourvus de composants Elbrus. L’ARM-401 (nota : rien à voir avec l’architecture ARM) est équipé d’un Elbrus-4C, une puce quadricœur gravée en 65 nm et cadencée à seulement 800 MHz. Elle reste toutefois capable d’exécuter des calculs au rythme de 50 gigaflops. 24 go de RAM pourront être installés sur ce PC. PCI Express, Sata et carte graphique moderne sont au menu. Ce ‘mini mainframe’, livré avec une distribution Linux maison, reste onéreux : 200.000 roubles, soit environ 3500 euros.

Côté serveurs, le Server Elbrus 4.4 prend le relais. Cette offre propose quatre processeurs Elbrus-4C et pourra accueillir un maximum de 384 Go de RAM. Notez que le processeur Elbrus-8C devrait être une offre plus convaincante. Gravé en 28 nm et cadencé à 1,3 GHz, ce processeur VLIW à 8 cœurs proposera cinq fois plus de puissance que le 4C et sera ainsi capable d’aller titiller Intel sur le milieu de gamme.

Server Elbrus 4.4

À lire aussi :
La Russie s’émancipe des processeurs x86 avec ses propres puces ARM
La Russie s’invite dans la conception de puces pour serveurs
Les données des citoyens russes devront rester en Russie

Crédit photo de une : © Victoria P. – Fotolia.com

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