Progress Software: la percée de ‘SOA’ débute à peine

Didier Mamma, directeur de Progress Software Europe du Sud, explique SOA en
termes pédagogiques et le rôle de l’ESB. Il admet que les entreprises commencent
tout juste à appréhender ces évolutions

A écouter les acteurs du marché, toutes les entreprises européennes tournent au SOA. Vous qui prônez cette démarche devez être ravi ?

C’est vrai, les annonces se multiplient, et tout le monde avance de nombreux chiffres sur le succès du SOA. Progress a mené une enquête en Europe du Sud, qui montre sur les éditeurs intègrent dans leurs calculs des solutions logicielles classiques, que leurs clients ont achetées, sans qu’elles ne disposent à l’époque d’approche SOA. En fait, ce marché est encore très jeune. Et les Entreprises commence tout juste à entrevoir que les démarches SOA vont bien au-delà des technologies informatiques, et plus loin que l’évolution organisationnelle.

Aujourd’hui, l’ensemble de la chaîne de valeur, et les organisations elles-mêmes, deviennent composites, et pas seulement le système d’information. Les entreprises sont en pleine mutation et le système informatique de l’entreprise seul ne saurait tout informatiser. Car l’écosystème est devenu multiple et l’apport de valeur repose sur une prestation globale nécessitant la collaboration entre partenaires multiples, et par définition différents. Et c’est justement tout cela que doit pouvoir orchestrer l’informatique de tous et de chacun, grâce à SOA.

Néanmoins, cette réalité SOA est bien incarnée en informatique, avec un modèle basé sur les services et/ou les composants à orchestrer?

L’approche SOA permet de décomposer le système d’information en composants les plus autonomes possible. Chez Progress, nous pensons que la dynamique repose alors sur la gestion de l’événementiel, car la gestion des entreprises se doit d’être dynamique et réactive. Nous appelons cela ?le principe de l’émergence?. Certes, les fonctions ou services produisent des résultats à la demande. Toutefois, le futur besoin n’est pas forcément prévisible. C’est pourquoi il fa ut pouvoir combiner ces services de diverses manières, pour pouvoir répondre, sans forcément en développer de nouveau. À l’exemple des lettres de l’alphabet qui permettent de composer des mots nouveaux sans pour autant en créer de nouvelles ni les modifier.

La coordination passe par le bus de services (ESB) qui orchesrtre l’ensemble et s’adapte aux sollicitations. L’image du fonctionnement du c?ur humain pendant un effort physique illustre bien cela. Ce c?ur adresse une demande d’oxygène au système, la moelle épinière (bus ESB) transmet la demande en envoyant un signal au cerveau qui fait en sorte que le système approvisionne le c?ur, le foie, etc. Pourtant, le cerveau ne parle ni le langage de la colonne vertébrale, ni celui du c?ur ou du foie !

Et sans une infrastructure SOA de ce type, rien n’est possible. En effet, les services applicatifs doivent interagir et être orchestrés dans le système d’information de l’entreprise, mais aussi avec des systèmes externes inconnus, et au-delà du firewall.

Comment éviter que l’ESB ne devienne le point critique de tout le système, une sorte de boîte noire peu contrôlée ?

Bien sûr, il est capital de savoir ce qui se passe dans cet ESB : qui fait quoi ? Comment ? Les temps de réponse et la qualité des services répondent-ils aux attentes ?… Autant de questions de questions qui nécessitent de la gouvernance (cartographie, visibilité, pilotage?). C’est dans cette optique que nous proposons notre solution Actional.

Le contrôle et le pilotage permettent de dresser un tableau de bord. Toutefois, il devient alors essentiel d’optimiser les processus ou de les améliorer. C’est pourquoi nous proposons Apama, une solution de ?Business Activité Monitoring? (BAM). Les solutions traditionnelles attaquent des bases de données à partir d’index, en exécutant des requêtes. L’entreprise se heurte vite à des limites de performances, obligeant à limiter le nombre de données traitées. Plutôt que d’analyser directement une grande quantité de données brutes, Apama stocke les requêtes dans une base de données, et ne travaille alors que sur les données réellement pertinentes. Avec ce type d’approche, Apama peut traiter jusqu’à 400 000 événements par seconde, alors que les solutions classiques décrochent généralement au-dessus de 20 000. De même tandis que ces outils travaillent sur des laps de temps de 5 à 10 secondes (pour obtenir des performances correctes), des choses peuvent survenir entretemps. Apama décrypte toutes les informations lors de leur acheminement. Cela permet éventuellement de rejouer toute la scène des opérations pour comprendre un ralentissement, un incident?

Vos clients déploient-ils les capacités SOA de vos produits sur leurs applications, et dans quelles proportions ?

Évidemment, tous nos clients n’ont pas encore tous adopté nos solutions SOA, et rarement sur l’ensemble de leur système informatique. Généralement, nous identifions les processus et services les plus critiques pour leurs activités, et nous initions une démarche SOA avec nos outils. D’ailleurs, les données sont rarement prêtes pour le SOA. Souvent, de nombreux traitements sont effectués sur des données parfois redondantes, formatées différemment? Un constat qui nous a amenés à acquérir le logiciel Panter il y a un an, pour enrichir nos solutions de Data Xtend Semantic Integrator. Nous créons un référentiel de données unique, avec les règles de transformation et de réconciliation adéquates, sans forcément remettre en cause l’existant. Toutefois, ce référentiel devient le centre fiable des données permettant d’assurer la cohérence de l?information, préliminaire indispensable dans une démarche SOA.