Purge sociale attendue chez Intel France

Dans la stratégie de restructuration décidée par Intel, la France devrait payer un lourd tribut avec la fermeture de 5 centres de R&D et la suppression de 750 postes… sur un total de 900.

Coup dur pour l’emploi IT en France avec ce qui s’annonce comme une purge sociale chez Intel France. A l’occasion de deux comités d’entreprise extraordinaires, qui se sont déroulés le 28 juin à Paris et Sophia-Antipolis, la direction du groupe a annoncé la fermeture de 5 centres de R&D et la suppression de 750 postes. Une annonce terrible qui toucherait 75% de la masse salariale présente dans l’Hexagone (900 personnes actuellement).

Sur les centres de recherche et de développement qui vont fermer, le plan prévoit de commencer par le site d’Aix en Provence (35 personnes) dédié au NFC et racheté à Inside Secure en 2014.  Les deux sites de Sophia-Antipolis sont aussi concernés avec 500 postes supprimés à la clé. Le site de Toulouse dédié à l’ultra-mobilité verra le départ de 280 personnes. Les salariés devraient recevoir leurs lettres de licenciement à partir de janvier 2017, précisent nos confrères de France Bleu. Rennes et Montpellier (40 personnes) font également partie de la coupe claire.

Intel devrait conserver seulement deux centres de R&D dans l’Hexagone : celui à Saclay dans le calcul à haute performance en joint-venture avec le CEA, et celui à Bruyères-le-Châtel sur le Big Data. Nous nous étions fait l’écho du partenariat avec le CEA-Leti sur l’Internet des objets.

Traumatisme et planification

Sur les 750 postes supprimés, rien n’a filtré quant aux profils impactés, ni quant à la nature exacte des suppressions de postes (licenciements, départs volontaires, reclassements, etc). Une discussion va être entamée avec les représentants du personnel et les syndicats sur ces sujets. Ces derniers sont sous le choc. « En France, nous avons la crème de la crème des ingénieurs. Grâce aux subventions de l’État et le Crédit impôt recherche, nos ingénieurs ont le coût salarial le plus faible de tout l’Occident (Europe et États-Unis) », explique Mustapha Aqachmar, délégué syndical CFE-CGC, à nos confrères de la Tribune. Bref, l’incompréhension domine.

Ces annonces s’inscrivent dans le cadre du projet de Brian Krzanich, le CEO d’Intel, visant à réaliser des économies à hauteur de 1,4 milliards de dollars et à supprimer 12 000 postes dans le monde, soit 11% de la masse salariale du groupe. En matière de R&D, le dirigeant souhaite une rationalisation du nombre de centres, une quarantaine seulement dans le monde et une dizaine de hubs (comptant chacun plus de 1 000 personnes). Cette stratégie de restructuration passera également par la revente d’actifs. En début de semaine, une rumeur évoquait la volonté supposée d’Intel de revendre son activité cybersécurité, composée en grande partie via l’acquisition de McAfee.

Ce plan drastique se veut une réponse à des résultats trimestriels en berne et surtout fait figure de constat d’échec dans la mobilité. Le fondeur de Santa Clara a, le mois dernier, purement et simplement mis fin à ses puces Atom Sofia et Broxton. Des modèles conçus pour les terminaux mobiles : smartphones et tablettes non convertibles. Intel se focalise maintenant sur les activités datacenter et IoT.

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