Quel avenir pour le Wimax en France ?

Après l’annonce d’Alcatel-Lucent de ralentir ses investissements dans le Wimax, et les retraits de Nortel et de Nokia, la question se pose sur l’avenir de cette technologie dont les déploiements ont pris beaucoup de retard. Enquête sur deux pages

Marc Taïeb, dg de Bolloré Télécom : « Si le Wimax ne décolle pas, nous n’aurons aucun état d’âme à aller vers le LTE »

Aujourd’hui, vous possédez 20 licences régionales Wimax après le rachat de 8 licences au consortium HDDR en juin 2008. Mais le déploiement des sites ne semble pas beaucoup avancer ?

Marc Taïeb : il faut d’abord savoir que nous avons hérité de quelques centaines de sites avec du matériel qui présente des problèmes d’interopérabilité technologique. Si c’était nous qui l’avions commandé, nous n’aurions sûrement pas fait ce choix-là. Aujourd’hui, ça « marchote » mais la technologie n’est pas mûre et les terminaux téléphoniques n’existent pas. Certes, il y a eu une bonne nouvelle comme le lancement du HTC Max 4G. C’est bien. Mais il n’est pas encore disponible en France. Et en contrepartie, Nokia a arrêté la commercialisation de la version Wimax de sa tablette n810.

Dans ce contexte, qu’envisagez-vous de faire ?

Nous ne sommes pas décisionnaires. Ça va beaucoup dépendre de ce qui va se faire aux Etats-Unis et notamment du déploiement fait par Clearwire et Intel. Si l’expérience est concluante, elle servira d’exemple et cela donnera un coup d’accélérateur à toute l’industrie.

Quoi qu’il en soit, nous nous adapterons. Si le Wimax ne marche pas, nous n’aurons aucun état d’âme à aller vers le LTE. Même si nous pensons que le Wimax est mieux spécifié pour la 4G mobile.

Les perspectives ne sont pourtant pas vraiment optimistes pour le Wimax puisque Ben Verwaayen, dg d’Alcatel-Lucent, -l’un de vos principaux fournisseurs- a déclaré vouloir réduire les investissements…

Quand nous posons la question à Alcatel-Lucent, ils nous jurent qu’ils n’ont pas l’intention d’arrêter et que les propos qu’ils ont tenus, était pour faire plaisir à certains opérateurs. Ils sont numéro un mondial aujourd’hui sur le Wimax et c’est vrai que nous testons leur équipement.

En juin 2008, l’Arcep soulignait les retards du déploiement du Wimax en France et particulièrement de la part de Bolloré Télécom. Peut-on s’attendre à une amélioration dans le prochain rapport qui sera publié début février 2009 ?

Mais le rapport de l’Arcep nous donnait raison en expliquant qu’aujourd’hui, il n’y avait pas de modèle économique avec le Wimax en France parce que le matériel n’est pas prêt et parce qu’aucun opérateur n’est national. Le prochain rapport fera donc la même analyse car la situation n’a pas changé.

Pourquoi ne pas développer davantage de partenariats avec les collectivités territoriales ?

Nous sommes en délégation de service public à Colmar et Poitiers. Mais nous n’aimons pas ce modèle économique. Le Wimax, ce n’est pas comme la fibre, la DSP se fait avec du matériel actif et la maintenance coûte chère. Il faudrait alors réclamer de l’argent à la collectivité locale et nous ne voulons pas le faire.

Allez-vous tenter de récupérer les deux licences qui vous manquent ?

Nous sommes en discussion mais rien n’est fait. Nous travaillons également avec Free sur des co-déploiements.

Vous semblez serein alors que vous avez dépensé beaucoup d’argent et qu’aujourd’hui rien ne fonctionne ?

Nos dépenses se montent à 100 millions d’euros mais nous sommes optimistes car nous pensons que nous allons rentabiliser nos investissements. Notre objectif final est de faire transiter de la data. Or quand la data mobile va exploser et que le réseau débordera, nous saurons offrir une alternative. Si c’est avec le Wimax, ça se fera dans un an et demi. Et si c’est avec le LTE, ce sera d’ici trois ou quatre ans. Mais, quoi qu’il en soit, ça sera avec Bolloré Télécom.

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