Quelle stratégie pour SQL Server 64 bits ?

Quels sont les intérêts de Microsoft dans la sortie de SQL Server 2000, celle qui supporte les processeurs 64 bits ?

Le principal argument commercial des applications supportant les architectures 64 bits se résume à leur capacité à s’affranchir de la limite des 4Go de mémoire adressable au sein des architectures 32 bits.

L’argument se révèle bien faible car la très grande majorité des utilisateurs de bases de données en entreprise ne risquent pas d’atteindre cette limite. De plus, les gros consommateurs de ressources -les banques, assurances et certains domaines de l’industrie- disposent de solutions adaptées autour des architectures Linux capables de traiter des grilles de données en de multiples dimensions. Microsoft vise les volumes de traitements L’arrivée de SQL Server 2000 n’est pas une révolution technologique en soi. Microsoft a conservé le code de base de sa solution de gestion de bases de données, recompilée puis optimisée pour le processeur Itanium d’Intel. La version 64 bits de SQL Server va donc essentiellement tirer ses gains de performance des fonctionnalités du processeur Itanium, de la mémoire « cache », de l’architecture parallèle, de l’adressage direct, etc. A priori, SQL Server 2000 rattaché au contexte d’évolution des solutions en place, ne s’adresse qu’à un nombre limité d’utilisateurs qui souhaiteront faire évoluer leurs applications SQL vers un plus grand nombre de ‘dimensions’, dans le traitement de données de plus en plus volumineuses. Un segment limité pour Microsoft. SQL Server 2000, l’arme de Microsoft contre Unix C’est donc plutôt du côté d’Unix qu’il faut rechercher la cible de Microsoft. Unix et son petit frère libre Linux. Car sur son marché, celui des PC, Microsoft occupe la place du leader qui ne peut qu’être attaqué. Et Les acteurs de l’informatique ne s’en privent pas, soit sur le plan technique, avec la percée de Linux, voire sur le plan juridique. Or, le nouveau venu, Linux, bénéficie désormais de l’appui des grands noms de l’informatique – IBM, Oracle, HP, Sun, etc. ? ce qui lui apporte une aura technologique qui manque aujourd’hui à Microsoft sur le haut de gamme. SQL Server 2000 se présente alors comme le bras armé de Microsoft pour s’attaquer au monde Unix. Un monde haut de gamme, qui rallie les voix des gourous de l’informatique. Si le marché est restreint, chaque point gagné accroît la crédibilité de la solution adoptée. Et cette crédibilité, Microsoft en a besoin, mais Intel tout autant sinon plus. Leur stratégie commune de déploiement tous azimuts est claire: alors que stagne le marché de l’informatique personnelle, le couple cherche à consolider par le haut, pour conserver et étendre le bas. Ainsi, SQL Server 2000 s’inscrit dans une stratégie marketing où la reconnaissance est plus importante que la quantité vendue. Et sur ce plan, Microsoft est l’un des rares acteurs disposant des moyens de s’imposer.