R. Suri (NSN): «La bataille des airs ne fait que commencer»

Rajeev Suri, DG de NSN

De passage à Paris, Rajeev Suri, le patron de Nokia Siemens Network, nous a livré sa vision du marché et la stratégie de son entreprise pour 2010.

Fort d’un quatrième trimestre en hausse (augmentation de la marge opérationnelle de 5,7 % et retour à un profit presque équivalent à celui de 2008 à 206 millions d’euros) et à la veille de l’ouverture du Mobile World Congress de Barcelone, le patron de Nokia Siemens Network (NSN), Rajeev Suri, est venu présenter sa vision du marché et la situation de l’entreprise à l’occasion d’un passage à Paris, hier jeudi 11 février.

Pour le nouveau patron (entrée en 1995 (chez Nokia), il est à la tête de l’équipementier depuis l’automne dernier), les progrès réalisés sur le quatrième trimestre d’une année difficile (-16,5 %, peu ou prou équivalente aux résultats de ses concurrents Alcatel-Lucent et Ericsson) vont se poursuivre sur 2010. « Cette année, le marché va se maintenir mais nous allons croître plus vite que nos concurrents et dégager des flux de trésorerie », affirme-t-il. Notamment en profitant des marchés émergeants dont l’Afrique.

100 000 stations de base LTE

Mais c’est vers le LTE (ou 4G) que les ambitions de NSN, notamment, se tournent. Ainsi, 100 000 stations de base sont installées dans le monde, prêtes à être activées (pour la 4G) par simple mise à jour logicielle. « Cela nous place dans une forte position sur le LTE, estime Rajeev Suri. Nous allons maintenant nous concentrer sur les aspects commerciaux. » NSN démarrera notamment le LTE en fin d’année sur le réseau de DoCoMo au Japon.

Le LTE représente une véritable opportunité pour les opérateurs aux yeux du dirigeant. « Je pense que le LTE se traduit par un marché plus petit [que la 3G] en volume mais meilleur en termes de ventes de services de données et managés » En matière de services, le patron de l’équipementier germano-finlandais voit le LTE comme un bon moyen pour les opérateurs de valoriser la qualité de leur réseau. Selon lui, les utilisateurs seraient ainsi prêts à payer plus pour avoir un services plus rapide. « Gardez à l’esprit que le trafic va continuer à augmenter et que les utilisateurs vont exiger plus de services. »

La stratégie environnementale

Pour se distinguer des concurrents, NSN met en avant son approche environnementale et les économie d’énergie que ses produits génèrent. cherche notamment son salut dans l’approche environnementale. Notamment depuis ses stations de base, Flexi, pour réseau mobiles : présentées comme consommant jusqu’à 55 % de moins que la moyenne du marché et jusqu’à 70 % plus petites, elles sont compatibles 2G, 3G et LTE, avec possibilité d’auto-alimentation et constituées pour 90% de matériaux recyclables. A vérifier que ces critères entrent dans les priorités des opérateurs.

C’est apparemment le cas de SFR avec qui NSN a signé pour entrer dans une phase pilote du LTE. Mais aucune date ni durée de la période d’expérimentation n’est avancée. En attendant, NSN va également participer, à hauteur de 80 % selon Rajeev Suri (l’autre opérateur étant Alcatel-Lucent), à la rénovation (en technologie 100% paquet IP) et l’extension du réseau 3G de l’opérateur en France. En revanche, aux Etats-Unis, l’équipementier vient d’essuyer un revers. AT&T y a retenu Alcatel-Lucent et Ericsson pour renforcer son infrastructure dans certaines villes au détriment de NSN. « Pourtant nous avons fait de bons essais », se désole Rajeev Suri. NSN compte se rattraper sur les réseaux de T-Mobile et Verizon, ainsi que sur le marché canadien.

La menace chinoise

Comme ses concurrents occidentaux, NSN regarde avec défiance la menaces des équipementiers chinois ZTE et Huawei en particulier. Selon Rajeev Suri, « il faut que les règles soient les mêmes pour tout le monde ». Il en appelle à la Commission européenne. « Pas pour nous protéger mais pour disposer des mêmes barrières d’entrée [sur les marchés] ». Les équipementiers européens se plaignent notamment des difficultés qu’ils rencontrent à franchir les frontières chinoises. Depuis novembre dernier, il faut disposer d’une entité locale afin de déposer marque et brevet dans le pays pour pouvoir y commercialiser des appareils électroniques.

Une agressivité asiatique déséquilibrée qui entraîne une baisse drastique des prix des équipements. D’où la volonté de mener l’offensive sur le service. Néanmoins, la situation accélère les risques de concentration. Rajeev Suri pense qu’à termes, « le marché se redéfinira autour de trois acteurs principaux ». Et chacun de se regarder en chien de faience pour savoir qui sera mangé le premier. « La bataille des airs ne fait que commencer », conclut le dirigeant.