Rachat de BEA Systems par Oracle : c'est fait. Au prix fort

Surprise, finalement, Oracle a accepté les conditions de BEA, fixant le montant du rachat à 8,5 milliards de dollars !

Oracle obtient donc gain de cause, mais il a dû y mettre le prix. Le géant de la base de données annonce en effet ce mercredi 16 janvier avoir finalisé un accord en vue du rachat de BEA Systems pour 19,375 dollars par action en cash. Approuvée par la direction, cette opération devrait être finalisée à la mi-2008.

Oracle a donc relevé son offre, après avoir initialement proposé 17 dollars par action, ce qui n’avait pas convaincu la direction de BEA. L’offre valorise donc BEA à 8,5 milliards de dollars (ou 7,2 milliards de dollars nets compte tenu d’une trésorerie de BEA s’élevant à 1,3 milliard de dollars), soit quasiment le prix exigé par BEA pour accepter la prise de contrôle (21 dollars).

Pourtant, en novembre dernier, Oracle semblait ne pas vouloir réévaluer sa première offre à 6,7 milliards de dollars et avait retiré sa proposition. A cette époque, BEA réclamait 8 milliards et Larry Ellison, patron de l’éditeur américain, expliquait qu’il était désormais plus probable qu’Oracle se concentre sur de nouvelles acquisitions plutôt que sur un rachat de BEA.

« Les actionnaires de BEA ne doivent pas partir du principe qu’Oracle renouvellera à l’avenir son offre de 17 dollars par action. (…) Avec le temps, il peut se passer beaucoup de choses: l’activité de BEA pourrait s’affaiblir sensiblement, les marchés d’actions peuvent continuer de s’éloigner de leurs récents records, ou Oracle peut avoir attribué ses capitaux ailleurs.« , pouvait-on par ailleurs lire dans un communiqué à peine menaçant.

Mais visiblement, le sémillant patron a changé son fusil d’épaule et a finalement cédé aux exigences du conseil d’administration de BEA. Il faut dire que BEA vaut bien 1,5 milliard de dollars de plus ! même si beaucoup d’analystes s’étaient montrés sceptiques sur l’intérêt pour Oracle d’investir autant de milliards dans BEA Systems.

Car pour Oracle, à l’appétit insatiable, ce rachat apparaît comme stratégique. Il intervient après celui de Business Objects par SAP en octobre dernier. Une réaction était attendue.

Rappelons que BEA vend des logiciels d’applications pour serveurs informatiques. Ces produits sont utilisés notamment dans le traitement des transactions, la facturation, le service au client et les échanges boursiers. Il propose aussi des outils de développement, permettant l’intégration et le déploiement d’applications e-business et SOA.

« L’apport des produits et des technologies de BEA va sensiblement renforcer la gamme des logiciels de middleware et l’offre software Fusion d’Oracle« , explique Larry Ellison, le directeur général d’Oracle.

« Cette transaction va accélérer l’adoption de technologies Java dans le middleware et le SOA, et permettre des avancées dans les logiciels d’applications pour entreprises, mais également élargir nos partenariats stratégiques avec les clients…, et enfin accroître notre pénétration sur des marchés clés comme la Chine », précise par ailleurs Charles Phillips, le président d’Oracle.

Il s’agira d’un des plus grands ‘coups’ de Larry Ellison, le p-dg d’Oracle. Les précédents records était de 10 milliards pour PeopleSoft en 2004, 6 milliards de dollars avec le rachat en 2006 de Siebel. En 2007, le groupe s’est emparé d’Hyperion pour plus de 3 milliards. Au total, Oracle a dépensé plus de 20 milliards de dollars en acquisitions pour étoffer son catalogue.

La question est désormais de savoir si ce rachat permettra à Oracle de rattraper son éternel ennemi, SAP. En tout cas, il illustre la surenchère observée dans ce secteur depuis plusieurs années.