Rachat d'EDS : le curseur services/marge revient un peu vers HP ?

Après avoir annoncé un chiffre d’affaires de plus de 100 milliards de dollars (plus qu’IBM), HP investit sérieusement sur un avantage à forte marge de son concurrent : le service. Mais une place de second ne saurait lui suffire

Le duel à coup de milliards de dollars de dollars se poursuit. Le tandem infernal HP/IBM (même si sur un tandem, mieux vaut pédaler ensemble et dans le même sens…) illustre parfaitement la guerre concurrentielle et les prises de position sur des marchés complémentaires. Sans s’attarder sur l’amusante bataille psychologique très perceptible auprès des équipes commerciales (et autres) des deux géants.

Et pour cause ! Serveurs d’entreprise, blades, PC, station de travail, virtualisation… le face à face est permanent. Et si HP propose aussi des services, IBM disposait d’une longueur d’avance en absorbant Price Waterhouse Coopers Consulting en 2002 (3,5 milliards de dollars) pour créer sa division Global Business Services (GBS) . Six ans après, HP se lance dans le rachat d’EDS, un des leaders mondiaux de l’outsourcing et du service. Cette fois la note atteint des sommets : près de 14 milliards de dollars, pour une entreprise capitalisée (en bourse au moment de l’annonce) à tout de même à près de 10 milliards de dollars, pour 22 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel.

Les entreprises arrêteront « bientôt » de gérer des serveurs…

Consolidation, réduction des coûts, optimisation des ressources physiques et humaines d’un côté, et intérêt soudain de tous pour les services de type Saas ou Paas de l’autre, sans parler du succès croissant de la virtualisation. Ces services (Software as a service et Platform as a service) amèneraient enfin les entreprises à ne plus gérer leurs propres serveurs (ou à les faire gérer), mais plutôt à payer des services informatiques, afin de se consacrer pleinement au développement de leurs métiers, et donc de leurs spécialités. Mais voilà : le développement des datacenters et l’utilisation optimale du matériel existant ne favorisent guère les constructeurs. En effet, les plates-formes d’hébergeur ne sauraient compenser économiquement la baisse incontournable de la demande en serveurs.

Si ce scénario longtemps annoncé n’est pas encore de mise, il trotte malgré tout dans la tête des investisseurs, et les constructeurs doivent préparer l’avenir.

Le service : de la valeur ajoutée humaine sonnante et trébuchante

Le service serait une réponse efficace. En effet, confiez donc votre informatique à des spécialistes plutôt qu’à des bataillons internes. Et à cette anticipation sur un futur incertain, IBM mène encore la danse. En mars dernier, PAC publiait son étude et un classement des sociétés de services informatiques. Et qui trônait donc au premier rang pour l’année 2007 ? IBM avec 35 milliards de chiffre d’affaires (soit plus d’un tiers des 98,7 milliards de dollars de CA global), suivi de très loin par le second à 15,85 milliards de dollars… un certain EDS. HP annonçait lui un chiffre d’affaire de 104,286 milliards de dollars (fin d’exercice octobre 2007).

Avec cette acquisition, il deviendrait seconde SSII mondiale en doublant les résultats de son activité Services, à près de 32,5 milliards de dollars (15,85 + 16,6 : encore un effort…). En outre, on peut compter sur HP pour conforter cette position, car l’entreprise est en pleine forme depuis plusieurs mois. Par ailleurs, le premier vendeur mondial d’ordinateurs fixes et portables prévoit de conclure l’éventuel rachat d’EDS au second trimestre 2008, en maintenant son nom ainsi que son siège au Texas.

Néanmoins, l‘absorption d’une telle entreprise, même très bien organisée, n’est pas une mince affaire. Alors, gare à l’indigestion !

Reste aussi à connaître les réactions des clients. S’ils acceptent une facture et un interlocuteur uniques, ils sont peu enclins à tout confier à une seule entreprise. Mais finalement, est-ce réellement un risque, avec ces deux mastodontes ?