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Rachat de SFR : avec l’appui de Free, Bouygues devient le favori

Dans les colonnes du JDD ce dimanche, Olivier Roussat, Pdg de Bouygues Telecom (en photo), a révélé que son groupe était entré en négociations exclusives avec Free pour la vente de son réseau mobile, soit 15 000 antennes et un portefeuille de fréquences 2G/3G/4G, contre 1,8 milliards d’euros. La réalisation de cette transaction, fruit de trois jours et trois nuits de tractations entre les deux camps, est conditionnée au rachat de SFR par Bouygues. Rappelons que le groupe de BTP a déposé une offre de reprise de l’opérateur mobile filiale de Vivendi.

Jusqu’à présent, Bouygues apparaissait comme un challenger pour la reprise de SFR, face à un Numericable qui n’est pas présent dans la téléphonie mobile. Pour Vivendi, l’offre de Bouygues présentait donc plus de risques, car elle avait de fortes chances de s’attirer les foudres de l’Autorité de la Concurrence. En revendant son réseau à Free, Bouygues aplanit donc un futur obstacle si Vivendi choisit de retenir son offre. Dans Les Echos, Olivier Roussat explique : « C’est un remède simple et massif – simple, parce que nous n’avons pas essayé de redécouper un réseau sur mesure, nous avons préféré transférer le nôtre automatiquement –, et massif parce qu’il offre une couverture complète de la population. » Chez nos confrères, Bruno Lasserre, président de l’Autorité de la Concurrence, confirme d’ailleurs que la solution proposée est « de nature à favoriser un examen peut-être plus rapide, et en tout cas plus simple, du dossier ». Bref, via son entente avec Free, Bouygues a obtenu ce qu’il cherchait : adresser un message rassurant à l’actionnaire de SFR. Et mettre sur la table un plan de reprise lisible et déployable rapidement, deux qualités qui jusqu’alors étaient les principaux arguments en faveur de l’offre de Numericable.

Revenu à la hauteur de son rival sur ce terrain, Bouygues dispose aussi d’un autre atout : l’appui du gouvernement. Dans les colonnes du Parisien, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, n’a pas fait mystère de sa préférence, déclarant : « La concurrence par la destruction s’arrêtera si nous revenons à trois opérateurs mobiles tout en maintenant des prix bas. Elle ne s’arrêtera pas si Numericable conquiert SFR, puisque la concurrence restera à quatre dans le mobile ».

Le bon coup de Free

Ironiquement, cette recomposition profiterait à Free, dont le patron Xavier Niel a pourtant multiplié ces derniers mois les échanges aigres-doux, voire franchement acides, tant avec Arnaud Montebourg qu’avec Martin Bouygues. Pour un 1,8 milliard d’euros (financé sans augmentation de capital selon un communiqué du groupe), Iliad mettrait la main sur un réseau dans lequel Bouygues a investi lourdement au fil des ans (dont encore 911millions pour acheter des fréquences 4G aux enchères). Même si on ne sait pas encore quelles fréquences sont incluses dans l’accord entre Bouygues et Free, l’accord permettrait à ce dernier de tirer un trait sur l’accord d’itinérance avec Orange, via lequel Free utilise les antennes de l’ex-opérateur national pour couvrir des zones où son réseau n’est pas encore déployé. Un accord qui lui a coûté plus de 600 millions en 2013. Bref, en un peu moins de trois ans, Free rentabiliserait son investissement tout en mettant la main sur un réseau mobile bien plus vaste que celui dont il dispose pour l’heure. Selon l’Agence nationale des fréquences, Bouygues dispose aujourd’hui de plus de 6 000 sites 4 G déployés au 1er mars, ce qui en fait le premier réseau mobile très haut débit de France (Orange, second, n’en a environ que 5 000).

Signalons toutefois que les accords d’itinérance 2G et 3G de Free avec Orange courent jusqu’en 2018 et 2016 respectivement. Dans Le Parisien, un porte-parole d’Orange indique qu’un accord Bouygues-Free n’aurait « pas d’impact sur les revenus de l’itinérance en 2014 et 2015 ». Façon de dire que l’opérateur historique entend bien obliger son concurrent à honorer cet accord jusqu’à son terme.

Reste à savoir quelles conséquences pourrait avoir un retour à trois opérateurs. En Autriche, cela s’est traduit par une hausse des prix de près de 10 % en un trimestre, selon de récentes déclarations du président de l’Arcep, Jean-Ludovic Silicani. D’ores et déjà, l’UFC Que Choisir s’inquiète et réclame que les conditions d’accès au marché des opérateurs virtuels (MVNO) soient revues afin de doper la concurrence.

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